OTANOMIE STRATÉGIQUE

Dimanche 15 mai, la Finlande a présenté sa candidature à l’OTAN, suivie de près par la Suède, ses représentants ayant émis le souhait de rejoindre l’alliance en même temps que l’autre « État tampon » hérité des équilibres de Yalta.

  • Dans le contexte de la guerre en Ukraine, une candidature commune est la meilleure décision pour la Suède et sa sécurité, indique la première ministre du pays.
  • Le secrétaire général de l’OTAN estime que cette potentielle adhésion serait la preuve donnée à Moscou qu’une invasion de l’Ukraine « ne paie pas ».
    • Les Échos estiment qu’une attaque armée des troupes russes semble improbable. Mais précisent, toutefois, que le président finlandais avait averti deux jours auparavant son homologue russe. Lequel a considéré que le renoncement au son non-alignement militaire était une « erreur », et menacé Helsinki de prendre des mesures « technico-militaires ».
    • Dans la nuit de vendredi à samedi, la Russie a cessé d’exporter de l’électricité vers la Finlande, invoquant des impayés.
      • L’opérateur du réseau électrique en Finlande a assuré pouvoir se passer du courant russe. Celui-ci ne représente que 10% de l’électricité consommée dans le pays, tel que nous l’indique Libération.
    • Deux jours plus tôt, le ministre des affaires étrangères russe, avait accusé l’UE de favoriser la guerre en Ukraine, estimant que l’Union est passée d’une plate-forme économique constructive (…) à un acteur agressif et belliqueux ».
  • Quant à la Turquie, membre un peu indocile de l’Alliance, son président a exprimé son hostilité à ces nouvelles adhésions.
    • Il estime qu’accepter Stockholm et Helsinki au sein de l’OTAN revient à « d’auberge aux terroristes du PKK ».
    • Le Secrétaire général du traité de l’Atlantique Nord, Jens Stoltenberg, a assuré être « confiant » sur le fait de trouver un compromis avec la Turquie.
    • Ce qui suggère l’interprétation que la Turquie continue de chercher à se ménager les faveurs de Moscou.

  • Pierre Haski, dans sa chronique géopolitique, revient justement sur ces changements majeurs apportés par la guerre en Ukraine, en particulier sur la fin progressive de la distinction entre UE et OTAN.
    • Actuellement, seuls quatre pays de l’Union ne font pas partie de l’alliance militaire, à savoir l’Autriche, Chypre, Irlande, Malte.
    • Trois candidats à l’UE sont déjà membres de l’OTAN (le Monténégro, l’Albanie et la Macédoine du Nord).
    • Et deux autres candidats à l’UE démontrent sans ambiguïtés leur attirance pour l’alliance atlantique (Bosnie-Herzégovine et Kosovo).
    • Avec cet élargissement continu de l’OTAN, la question se pose plus que jamais sur la capacité d’une défense européenne indépendante et distincte de l’alliance atlantique.

L’autonomie stratégique européenne n’est pas pour demain.