LE RAT ET L’HUITRE

Entre information verrouillée et propagande des belligérants, les spéculations vont bon train pour estimer la réalité de la situation militaire sur le terrain. Face à l’ampleur des dégâts matériels et du nombre de victimes, la crainte de la poursuite du conflit les prochaines semaines est toujours de mise.

  • Ainsi, la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS) envisageait, de manière prudente à la mi-mars, la possibilité que l’armée russe soit sur le point d’atteindre « le point culminant » de son offensive.
  • Pour rappel, le but initial de la guerre, pour Vladimir Poutine, était la « dénazification de l’Ukraine », c’est-à-dire un changement de régime, sa démilitarisation et donc, une défaite complète des forces en Ukraine.
    • Dans ce cadre, l’objectif consistait également en une prise de contrôle de l’ensemble du territoire ukrainien et en particulier, les grandes villes du pays.
  • Les premières semaines de l’offensive russes sont donc un échec selon la FRS, notamment pour les raisons suivantes :
    • Si les Russes disposent d’une supériorité aérienne réelle, ces derniers n’ont pas la suprématie revendiquée, en témoigne la vigueur de la défense aérienne ukrainienne.
    • La manœuvre russe aura fait preuve d’une lenteur étonnante, hormis dans le sud du pays et dans le nord du Donbass. Celle-ci s’explique notamment par une défense acharnée des forces ukrainiennes.
    • Dans la continuité, la stratégie de Poutine estimait que l’assise du pouvoir de Zelensky était faible, ce qui aurait permis une dissolution du régime. Or, les troupes russes font face à une « nation en armes », pour reprendre les mots de l’article.

  • L’autre échec pour le Kremlin, mis en avant par Agenda Publica, relève des conséquences géopolitiques inattendues :
    • La naissance d’une forme de patriotisme européen, dans la solidarité renouvelée ;
    • L’éventualité de voir un jour l’Ukraine, mais aussi la Moldavie, la Géorgie et les pays des Balkans occidentaux, adhérer à l’UE ;
    • L’entrée en scène d’une Union européenne géopolitique sur l’échiquier international, avec l’ajout d’instruments de hard power venant compléter le soft power dont elle dispose déjà.

  • On peut en conclure que le Kremlin s’est fait avoir à son propre jeu, convaincu que la dissémination d’informations décrédibilisant ses ennemis suffirait à les affaiblir.