Le temps judiciaire en revanche a fini par rattraper Andrej Babiš et Boïko Borissov.
- Lundi 21 mars, le ministère public tchèque a inculpé l’ancien Premier ministre de République Tchèque, ainsi que son ex-assistante, pour détournement de fonds européens.
- Dans cette affaire nommée « Nid de cigognes », A. Babiš est accusé d’avoir bénéficié de subventions européennes pour la ferme du nom de l’affaire, d’un montant de 50 millions de couronnes, soit près de 1,85 millions d’euros. Ces subventions devaient servir à soutenir les PME et le tourisme.
- L’ancien Premier ministre est accusé, en 2007, d’avoir temporairement sorti cette ferme de son conglomérat Agrofert, en vue de disposer des subventions de l’UE.
- Cette décision du parquet de Prague est intervenue quelques semaines après que la chambre basse du Parlement du pays a accepté de lever l’immunité de l’ancien Premier ministre contre les poursuites pour implication présumée dans la fraude, rapporte The Guardian.
- Cette mise en accusation intervient quelques jours après l’arrestation de l’ancien Premier ministre Boïko Borissov.
- Ce dernier et les membres de son parti (GERB), ont été interpellés pour 120 cas de détournement de fonds de l’Union européenne.
- L’ancien ministre des finances, ainsi que l’ancienne présidente de la commission du budget et l’ancienne responsable du service d’information du gouvernement ont également été arrêtés.
- Pour Politico, cette arrestation est le signe que le nouveau dirigeant du pays, Kiril Petkov est sérieux quant à son combat contre la mafia et la corruption.
- Ce dernier et les membres de son parti (GERB), ont été interpellés pour 120 cas de détournement de fonds de l’Union européenne.
- Toutefois, la libération rapide de B. Borissov montre d’un côté le manque d’expérience du nouveau Premier ministre ainsi que la nécessité d’une aide extérieure dans son combat contre la corruption. En particulier le Parquet européen.
Comme le fait justement remarquer l’eurodéputé Daniel Freund (DE-Verts), certains régimes autocratiques reposent entièrement sur la captation des fonds européens. Ainsi que, bien sûr, un pacte de corruption dans leur usage.
- D’où la proposition de conditionner leur perception au respect de l’État de droit. Ainsi, la Commission européenne a publié, vendredi 18 mars, les lignes directrices relatives à l’application du règlement sur la conditionnalité à l’État de droit.
- Par ce règlement, l’Union européenne peut suspendre l’octroi de fonds européens aux États membres qui violeraient les principes de l’État de droit, fondement défendu par l’Union.
- Ce dossier était sur la table dès avant le début de la guerre en Ukraine, notamment pour les affaires vis-à-vis de la Hongrie et de la Pologne, mais on peut s’attendre à ce que le contexte du conflit actuel en Europe retarde l’application de la procédure.
- Avec l’urgence de soutenir ces pays dans leur effort d’accueil des réfugiés ukrainiens et les menaces sur la sécurité, la crainte est forte que l’UE ne donne la priorité aux urgences directement liées au conflit armé.
- Un article de Politico reprend les mots du juge Mateusz Mazur qui s’inquiète que la Pologne « n’utilise cette guerre en Ukraine comme un écran de fumée pour l’assassinat final de l’État de droit en Pologne ».