SOUVER’HEIN ?!

La crise gazière actuelle bouleverse les certitudes et les trajectoires de la transition énergétique. La dépendance aux énergies fossiles étrangères, surtout russe, et l’exigence d’une urgente décarbonation de nos économies donnent un second souffle à la technologie nucléaire. Pourtant, comme le rappelle cet article du Monde, l’indépendance énergétique grâce au nucléaire prônée par la France est présentée comme un « tour de passe-passe statistique ».

  • Dans les années 1970, sous la présidence Giscard d’Estaing et dans le contexte du choc pétrolier, la France décide de se doter d’un parc nucléaire en vue de réduire sa dépendance au pétrole auprès d’États tiers.

o   Ce programme, qui a permis la construction de 45 centrales de production d’électricité nucléaire, a pu assurer une indépendance énergétique forte, mais incomplète.

o   À la fin des années 1990, le programme nucléaire en France ralentit, avec la fin de la construction de nouvelles centrales nucléaires et la baisse de l’extraction d’uranium en France.

o   Au début des années 2000, l’uranium est importé dans sa totalité.

  • Dans son rapport annuel, le Ministère de la transition écologique affirme que l’indépendance énergétique du pays s’élevait à 55,3% en 2020.

o   Toutefois selon l’article du Monde ce chiffre vient ici nous éclairer sur la manière dont on arrive à ce taux important, alors même que 100% du combustible utilisé est importé.

o   La réponse se trouve dans la « convention statistique ». En effet, l’énergie primaire calculée ici est considérée comme étant la chaleur émise par le réacteur, plutôt que le combustible utilisé pour le faire fonctionner.

  • Alors même que l’uranium est importé depuis le Kazakhstan, le Niger, l’Ouzbékistan ou l’Australie, du fait que la chaleur est produite sur le sol français, il est possible de la compter comme contribuant à élever l’indépendance énergétique du pays à ce pourcentage.
  • Néanmoins, l’article du Monde précise que sans cette convention statistique, la France ne pourrait prétendre qu’à atteindre un taux d’indépendance énergétique de 10 à 12%.
  • Lors de la réunion informelle interministérielle à Amiens le 26 et 27 janvier, Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique en France, n’a eu de cesse de répéter que la responsabilité de la Présidence française du Conseil de l’UE, au sujet de la taxonomie verte, était simplement procédurale.