La disparition du dernier président de l’URSS, Mikhaïl Gorbatchev, le 30 août 2022 et sa commémoration consécutive ont mis en lumière un certain nombre de fractures dans la mémoire historique de l’Europe qui coïncident avec les points de vue sur la guerre actuelle en Ukraine.
- Les dirigeants d’Europe occidentale ont salué Gorbatchev pour sa politique d’ouverture, ses tentatives de démocratisation du système politique soviétique, ses initiatives de désarmement nucléaire et son respect de la souveraineté des membres du Pacte de Varsovie.
- La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lui a rendu hommage en le qualifiant de « dirigeant digne de confiance et respecté » qui a « ouvert la voie à une Europe libre ».
- L’hommage est pourtant loin de constituer une évidence sur le continent européen.
- José Moséis Martin, dans une tribune dans El País, estime que ce ton de félicitations ne rend pas compte de certains échecs nationaux de Gorbatchev, qui ont sans doute ouvert la voie à une figure comme V. Poutine pour prendre le pouvoir des années plus tard.
- V. Poutine lui-même a déclaré que le démantèlement de l’Union soviétique sous Gorbatchev était une « catastrophe géopolitique » qu’il tente aujourd’hui de rattraper.
- Dans un certain nombre d’Etats, à l’époque sous le giron soviétique, on fait part de sa réticence à rendre hommage à Gorbatchev.
- Le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, a annoncé : « Nous n’oublierons jamais le simple fait que son armée a assassiné des civils pour prolonger l’occupation de notre pays par son régime. Ses soldats ont tiré sur nos manifestants non armés et les ont écrasés sous ses chars. C’est ainsi que nous nous souviendrons de lui ».
- Kadri Liik, journaliste et analyste estonienne, se fait l’écho d’un point de vue similaire pour Politico : « Lorsqu’il s’agit des souvenirs de Gorbatchev, l’expérience balte est différente […] Pour une grande partie de l’Europe, Gorbatchev est celui qui a mis fin à la guerre froide, il a permis à l’Allemagne de se réunifier, alors que le souvenir dans les États baltes est que – oui, il a lancé la perestroïka, la glasnost – il était contre la volonté d’indépendance dans les États baltes. »
- V. Zelensky est resté silencieux sur la question, évoquant les tensions liées à la mauvaise gestion de la catastrophe de Tchernobyl en 1986 et le soutien de Gorbatchev à l’annexion de la Crimée.
- José Moséis Martin, dans une tribune dans El País, estime que ce ton de félicitations ne rend pas compte de certains échecs nationaux de Gorbatchev, qui ont sans doute ouvert la voie à une figure comme V. Poutine pour prendre le pouvoir des années plus tard.
- La mémoire de Gorbatchev et ses divergences se situent le long des divergences stratégiques militaires européennes actuelles, les États de l’Est demandant des mesures plus strictes à l’encontre de la Russie et exprimant une longue désillusion à l’égard de Moscou et de ses dirigeants avant même l’arrivée au pouvoir de V. Poutine.