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Lancée par la droite européenne le mois dernier, l’offensive contre les propositions environnementales de la Commission européenne a buté, le 15 juin 2023, sur la commission de l’environnement du Parlement européen. Après avoir été rejetée l en Commission Agriculture et en Commission des Pêche, la loi de restauration de la nature a survécu au premier tour de scrutin en ENVI.

  • Son avenir reste incertain, tant le clivage politique s’est creusé, opposant les partis de centre-droit, les agriculteurs et les pêcheurs aux partis de gauche, aux ONG, aux scientifiques et même à certaines industries.
    • Le texte vise à inverser le déclin des réserves naturelles d’Europe et constitue un élément clé du Green Deal européen.
  • Il fixe des objectifs juridiquement contraignants pour restaurer les habitats et les espèces affectés par l’activité humaine et le changement climatique.
    • L’objectif est de couvrir au moins 30 % des zones terrestres et maritimes de l’UE d’ici à 2030.
  • Toutefois, les partis conservateurs affirment que la restauration de la nature nuirait à la sécurité alimentaire et entraverait le développement des sites d’énergie renouvelable.
  • Selon les observateurs du parlement, le sort de la loi dépend du vote du groupe libéral, car les partis de centre-droit devraient voter contre.
    • Si le texte n’est pas adopté, il s’agirait du premier rejet d’une législation environnementale et cela pourrait compromettre l’avenir d’autres textes en cours d’élaboration.
  • Certaines industries, dont IKEA, Nestlé, H&M, Iberdrola et Unilever, soutiennent la loi, soulignant l’importance de la planification à long terme et la nécessité d’aborder les questions environnementales, sociales et de gouvernance.
    • Plus d’un millier de scientifiques soulignent que la restauration de la nature peut coexister avec l’activité économique, contrecarrant ainsi les arguments avancés contre la loi.
  • L’enjeu de cette loi est rendu encore plus évident dans la récente publication de la FEPS par Telmo Pievani et Sofia Belardinelli publiée sur Europe Info Hebdo.
    • Elle souligne comment le dernier rapport de l’IPBES (le GIEC de la biodiversité) insiste sur le fait que la valeur de la biodiversité va au-delà d’une approche utilitaire qui ne valorise la nature qu’en fonction de son utilité pour l’homme.
      • Le rapport met en évidence les diverses relations que les sociétés, les cultures et les peuples ont établies avec le monde non humain et les différentes façons dont ils l’apprécient.
    • Cependant, les politiques actuelles ne reconnaissent souvent pas cette diversité et s’appuient plutôt sur un ensemble limité de valeurs instrumentales axées sur le marché et à court terme.
      • Cette perspective étroite est considérée comme la cause première de la crise mondiale de la biodiversité.
    • Pour y remédier, il convient d’intégrer un ensemble plus large de valeurs et de perspectives dans la conception et la mise en œuvre des politiques afin d’atténuer les effets négatifs des actions humaines sur la nature.
      • L’interconnexion des questions environnementales et sociales est essentielle pour garantir la durabilité environnementale et sociale.
  • Le cadre des objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD) reconnaît l’importance de la préservation de la diversité biologique et écologique de la Terre comme condition préalable à la durabilité environnementale et à la justice sociale.
    • Si la nature fournit des biens et des services essentiels à l’humain, il est également important de reconnaître la complexité des relations entre l’humain et la nature tout au long de l’Histoire.
      • Les valeurs non instrumentales sont aussi importantes que les approches fondées sur le marché pour éclairer les décisions politiques.
    • La protection de la biodiversité n’est pas seulement vitale pour la survie et le bien-être des sociétés humaines, elle a aussi une valeur intrinsèque.
      • Il est nécessaire d’actualiser les fondements philosophiques de l’environnementalisme et de s’orienter vers un mode de gouvernance des relations inter-espèces plus inclusif et plus démocratique.