Un an après la publication du rapport Draghi (EIH 16/9/24), il semble, à écouter son auteur, que la question de la compétitivité européenne reste intacte. Dans un discours anniversaire traduit et commenté par Le Grand Continent, l’ancien Premier ministre italien est revenu avec sévérité sur les rares progrès qu’il juge faibles.
- Ursula von der Leyen y a largement fait référence lors de son discours sur l’état de l’UE en septembre 2025.
- Un numéro d’équilibriste sur le fond, soulignent les observateurs mais pas sur la forme.
- La présidente de la Commission a présenté une Europe “en guerre”.
- Plusieurs initiatives récentes témoignent d’une volonté de mettre en œuvre les recommandations du rapport :
- la Boussole pour la compétitivité dévoilée en janvier 2025 ou encore le pacte pour une industrie propre présenté en février.
- Ces annonces restent cependant modestes au regard des besoins.
- Même les efforts afin d’aboutir à une Union de l’Epargne et de l’Investissement (le nouveau nom de l’Union des capitaux) ne portent que peu leurs fruits.
- Certes, les défis structurels persistent : l’explosion des prix de l’énergie depuis la guerre en Ukraine, la dépendance à la Chine pour les terres rares, ou encore la fragmentation institutionnelle qui freine les projets communs en matière de défense, de spatial ou de transport.
- L’Europe reste également dépendante des acteurs étrangers pour 80 % de ses produits et services numériques, tandis que la moitié de la production mondiale de semi-conducteurs est concentrée à Taïwan.
- L’Union européenne apparaît alors seule au monde, au milieu de prédateurs qui n’hésiteront pas à appuyer ses faiblesses pour leur propre gain.
- Selon le groupe de réflexion European Policy Innovation Council, à peine 11 % des recommandations de Mario Draghi ont commencé à être mises en œuvre.
- La Joint European Disruptive Initiative se montre à peine plus optimiste, évoquant 14 %.
- De quoi nourrir la frustration de l’ancien président de la BCE, qui a souligné que l’UE se serait bercée d’illusions en croyant que son poids économique suffirait à garantir un pouvoir géopolitique et une influence internationale.
- Pour lui, l’année 2025 marquera le moment où cette illusion se dissipera.
- Le décalage persiste aussi, comme Mario Draghi l’avait déjà expliqué dans un discours de rentrée à Rimini.
- L’UE ne peut se permettre de rester sans réponse au brutal réveil que lui impose la politique trumpienne, insiste-t-il.
- Un exorde que nous partageons : “l’Europe doit désormais choisir entre rester une simple partie de l’empire américain ou s’élever en tant que puissance autonome jouant un rôle distinct dans le monde.”