FAUST 

L’apaisement qui a pu apparaître avec la venue des représentants européens à Washington,  après la conclusion du fameux « accord commercial » aura été de courte durée (V. EIH 25.08.25 ). Peu après ce que l’eurodéputé Bernard Guetta appelle “la première bataille remportée par l’Europe en tant que puissance”, Donald Trump, dès le 25 août, surprend encore et fustige les Européens « Les taxes ou la législation sur les services numériques, et les réglementations sur les marchés numériques, sont toutes conçues pour discriminer ou nuire à la technologie américaine », explique-t-il sur son réseau Truth Social.  

  • Ces critiques visent directement les règlements européens sur les services numériques (DSA) et les marchés numériques (DMA).  
  • Ces deux législations (V. EIH) visent à limiter la diffusion en ligne de contenus et produits illicites ainsi que la domination économique des grandes plateformes. 
  • D. Trump ne cite aucun Etat en particulier mais, sans aucun doute, c’est l’Union européenne qui est visée.  
  • Avec 810,4 milliards de dollars d’importations et 649,2 milliards d’exportations, l’Union demeure le premier partenaire commercial global des États-Unis.  
  • La balance commerciale est déficitaire pour les États-Unis vis-à-vis de l’UE, mais cette dernière reste un marché crucial pour les exportateurs américains. 
  • L’objectif est donc, pour Washington, de rééquilibrer la balance en favorisant ses acteurs économiques de la tech. 
  • La législation européenne, particulièrement protectrice, amoindrit la présence des géants du numérique américains.  
  • La série de textes, héritage du passage de Margrete Vestager et Thierry Breton à la Commission restreignent ainsi la progression de la Silicon Valley. 
  • Les enquêtes ouvertes sur les manquements au DSA et au DMA font peser sur X, Meta, Alphabet et Apple, des amendes pouvant atteindre 10 % du chiffre d’affaires mondial pour le DMA, 6 % pour le DSA. 
  • En avril 2025 déjà, la Commission européenne a infligé à Apple et Meta des amendes de 500 et 200 millions d’euros respectivement pour non-respect du DMA.  

 

  • Si les craintes des géants américains de la tech quant à leurs bénéfices sont réelles, les réponses européennes peuvent décevoir. 
  • La Commission européenne répond le 26 août qu’« Il est du droit souverain de l’UE et de ses États membres de réglementer les activités économiques sur notre territoire dans le respect de nos valeurs démocratiques ». 
  • Pour la commissaire Henna Virkkunen, « Nous devons développer nos propres capacités technologiques« , par le biais de trois axes prioritaires de développement : l’intelligence artificielle, l’informatique quantique et les semi-conducteurs. 
  • Le président français estime, le 29 août, que ces nouvelles menaces de nouveaux droits de douane, liées à la tech, constituent une « coercition » à laquelle les Européens répliqueront.  
  • Si l’on en croit les Echos, la formule n’est pas choisie au hasard. 
  • L’objectif serait de mettre en œuvre l’ »instrument anti-coercition« , en vigueur depuis décembre 2023, destiné à dissuader les Etats tiers tentés d’exercer des pressions commerciales pour des raisons politiques.  
  • Imaginé à la suite des restrictions commerciales de la Chine à l’encontre de la Lituanie, en juin 2021, du fait de ses liens commerciaux avec Taïwan, (V. EIH 13.01.22). 
  • L’issue du tour des capitales de cette semaine du président du Conseil européen, Antonio Costa, devrait apporter plus d’éléments tangibles sur la riposte européenne.