Depuis 2022, le monde n’en finit plus de basculer. Il est évidemment trop tôt pour apprécier à leur juste mesure les conséquences de l’attaque “préemptive” sur l’Iran, ses installations nucléaires et son régime, menée d’abord par Israel et rejointe la nuit du 21 juin par les Etats-Unis de Donald Trump – sans aucune autorisation du Congrès américain, et donc en violation de la Constitution américaine et du droit international.
- Le “président de la paix” comme il aime se présenter, prétend désormais de l’imposer par la force.
- Les leçons des récentes occurrences historiques d’un changement de régime imposé de l’extérieur en Irak ou en Libye par une ou plusieurs puissances impérialistes n’ont visiblement pas été apprises, ni à Washington ni à Tel Aviv.
- En outre, la disruption des exportations de pétrole iranien à destination de la Chine qui en a fait un des ses fournisseurs majeurs, pourrait précipiter une dangereuse confrontation au sommet entre Chine et Etats-Unis.
- Quoi qu’il en soit, les conséquences sur le théâtre des opérations ukrainien sont particulièrement inquiétantes :
- la redirection de l’effort de guerre américain vers Israël et les frappes sur l’Iran réduisent un peu plus les possibilités d’aide militaire à l’Ukraine et accréditent la thèse d’un abandon programmé.
- Mais surtout, la flambée immédiate, et probable à long terme, des cours du pétrole sert les intérêts de l’économie russe et son effort de guerre (EIH 19/5/25).
- Et ce, même si la production de drones iraniens à destination de la Russie pourrait souffrir de l’attaque.
- Quant aux Européens, ils se retrouvent plus que jamais seuls sur le pont pour aider leur allié ukrainien – sans en avoir pleinement les moyens (EIH 27/1/25).
- Néanmoins, trois ans et demi après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, toutes les sanctions occidentales à l’encontre de la Russie n’ont pas encore été mises en place, certaines sont même abandonnées par l’administration Trump.
- L’Europe est toujours aussi active dans sa diversification énergétique :
- Pourtant, le front ukrainien a rarement été aussi actif.
- Après des bombardements russes sur Kiev ayant causé des dizaines de victimes fin avril, l’opération Spiderweb de l’Ukraine le 1er juin 2025 a mobilisé plus de cent drones pour mener une attaque coordonnée sur cinq cibles militaires dans le territoire russe.
- Les dégâts matériels et symboliques pour la Russie sont difficiles à évaluer au milieu des propagandes contradictoires, mais les estimations hautes font état de plus de 41 avions mis hors de service, soit 34% de leur flotte de bombardiers, pour 7 milliards de dollars de dégâts.
- Dans tous les cas, c’est surtout le signal qui aura compté.
- La réponse russe est à la hauteur de l’impact stratégique puisque depuis le 6 juin 2025, la Russie mène des attaques sur l’ensemble du territoire ukrainien, avec 400 drones et 40 frappes de missiles.
- Et encore plus de 15 morts dans une série de frappes sur Kyiv et sa région le 16 juin.
- Comme le souligne cette analyse de l’institut Montaigne, c’est une démonstration de force dans le renseignement qui a compté.
- L’opération Spiderweb est un remarquable exemple de l’ingéniosité ukrainienne :
- en déguisant des camions pour introduire des drones profondément dans le territoire russe,
- en modifiant et créant des algorithmes pour contrer les brouillages, en coordonnant une attaque sur différentes cibles du territoire russe.
- La carte maîtresse dans l’arsenal ukrainien est peut-être celle de ces tactiques non-conventionnelles, mais les systèmes de guidage de l’AASM-Hammer, fabriquées par Safran en France, sont la nouvelle star du front ukrainien
- Elles permettent à l’Ukraine des frappes de haute précision et une adaptabilité au matériel ukrainien fourni par d’autres pays.
- Devenus incontournables et indispensables pour contrer les brouillages des signaux GPS, la France va augmenter sa production drastiquement pour fournir cinquante « wonder weapon » mensuellement à l’Ukraine.