Comment répondre aux droits de douane trumpiens? Pour les pays africains, fortement touchés, et jusqu’à l’absurde pour le Lesotho, la question prend des aspects vitaux. Dans une analyse au fond le Center for Strategic and International Studies (CSIS) analyse les implications des nouveaux tarifs douaniers imposés sur les pays africains et propose des stratégies de réponse.
- Les tarifs affectent presque tous les pays africains, remettant en question les avantages de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), un accord commercial qui offre un accès préférentiel au marché américain.
- Parmi les possibilités, les auteurs proposent de renforcer l’Accord de Libre-Échange Continental Africain pour consolider un marché intérieur africain ;
- diversifier les exportations et explorer de nouveaux marchés, notamment au sein des BRICS et avec l’Union européenne, pour diminuer la vulnérabilité face aux fluctuations commerciales américaines;
- et enfin, une réponse stratégique aux tarifs.
- Côté européen, la stratégie semble hésiter entre confrontation et accommodement. Par exemple, Italie et Espagne offrent des réactions contrastées :
- Le gouvernement italien s’est gardé de s’engager dans une guerre commerciale et Giorgia Meloni privilégie les négociations.
- Ainsi elle s’est rendue à la Maison blanche le 17 avril. L’Italie choisit l’ouest.
- L’Espagne choisit l’Est : le gouvernement espagnol a réagi en mettant en place un programme de soutien aux entreprises touchées, qu’il a négocié avec l’opposition.
- Il s’est aussi rendu au Viêt Nam, puis en Chine pour rencontrer Xi Jinping.
- Ce retournement de la position européenne sur la Chine n’est pas un “cavalier seul” de l’Espagne rappelle son ministre des Affaires étrangères.
- Pékin envisage même de revitaliser des relations fort tendues depuis quelques années et le gel en 2021 de l’accord d’investissement entre les deux blocs (CAI) (EIH 24/4/23).
- Plus globalement, l’Union européenne adapte sa réponse face à un rapport de force avec des tarifs plancher à 10% allant jusqu’à 25% pour des secteurs tels que l’acier, l’aluminium et les voitures.
- Dans le même temps, Bruxelles tente de diversifier ses partenariats commerciaux (Mexique, Inde, Thaïlande) pour pallier cette nouvelle dynamique impulsée par les États-Unis.
- Les Européens doivent revoir leur carte du monde, analyse Simon Carraud pour Contexte.
- Le commissaire européen à l’économie, Valdis Dombrovskis, a déclaré lors d’un forum à Washington ne pas renoncer au partenariat UE-USA, espérant ainsi lever les droits de douane de 25% avec un nouvel accord.
- Maroš Šefčovič, commissaire européen au commerce, avait déclaré que Bruxelles restait dévoué à une « solution mutuelle », démontrant une approche plus diplomatique que frontale.
- Une proposition de tarifs nuls sur le secteur industriel avait été refusée par Washington, demandant une part plus importante de l’importation du gaz en Europe.
- La France, dans ce contexte, doit revoir sa ligne politique sur les accords du Mercosur
- ils permettraient de stimuler les exportations françaises en ouvrant un marché de plus de 270 millions de consommateurs, malgré des réticences face à la condition des agriculteurs français.
- Enfin, la hausse à 145% des tarifs douaniers chinois fait craindre à l’UE un déversement de ces produits initialement prévu pour l’export aux USA.
- De plus, le FMI indiquait que la croissance mondiale est impactée par ce bras de fer douanier marquant une forme de reset du système établi depuis 80 ans.
- Le FMI alerte sur le fait que :
- cette dynamique accroît les chances de crises financières ;
- les prévisions de croissance mondiale pour 2025 sont passées de 3,3 % à 2,8% ;
- cette instabilité va fragmenter les chaînes d’approvisionnement mondiales.