L’année 2025 a commencé fort avec, dès le 10 janvier, le versement d’une première tranche de 3 milliards d’euros du prêt exceptionnel d’assistance macrofinancière (AMF) de l’UE à l’Ukraine. La spécificité de ce prêt est qu’il sera remboursé par les recettes provenant des actifs de l’État russe immobilisés dans l’Union. Ce premier versement souligne un engagement clair à soutenir l’Ukraine face à l’invasion et à la reconstruction des infrastructures vitales, ainsi qu’à investir dans les infrastructures de défense.
- Grâce au soutien financier stable, régulier et prévisible d’un montant maximal de 18,1 milliards d’euros à débourser en 2025 au titre de cet instrument, l’Ukraine devrait être en mesure de répondre à ses besoins militaires, budgétaires et de reconstruction actuels et futurs.
- On se rappelle que dans le cadre des sanctions imposées par l’UE à la Russie :
- des actifs de la Banque centrale de Russie détenus par des institutions financières dans les États membres et d’une valeur d’environ 210 milliards d’euros ont été immobilisés depuis février 2022.
- L’essentiel avait été placéspar les oligarques russes à l’agence bruxelloise Euroclear, et une partie à l’agence luxembourgeoise Clearstream.
- Ils représentent d’ailleurs la majorité des actifs immobilisés dans le monde. (V. EIH 9.07.23, 16.06.24)
- Le commissaire européen à l’économie, Valdis Dombrovskis, estime que si tous les risques économiques et juridiques liés à la saisie des actifs souverains russes détenus dans l’UE devaient être « dûment pris en compte », cela n’empêche pas le Kremlin devait néanmoins « payer » pour les dommages infligés à l’Ukraine au cours de ces trois dernières années.
- Face à lui, le ministre belge des finances, Vincent Van Peteghem, estime que la confiscation des actifs pose de sérieux « risques juridiques » et « économiques » pour la zone euro.
- Kaja Kallas, Haute représentante, appuie la position de son collègue letton.
- Hors Union européenne, l’idée de cette sanction hors du commun à destination des fortunes russes emporte des oppositions similaires.
- S’exprimant à la Ukraine House en marge du Forum économique mondial de Davos, le financier Bill Browder avance que :
- Le Premier ministre britannique Keir Starmer devrait faire preuve de leadership dans la guerre en Ukraine en faisant pression pour que les 243 milliards de livres sterling d’actifs russes gelés soient utilisés pour financer l’armée de Kiev.
- Il avertit que si le soutien militaire américain à l’Ukraine se tarit, la Russie gagnerait des territoires dans ce conflit qui dure depuis près de trois ans, forçant des millions d’Ukrainiens à fuir le pays.
- Il prédit en conséquence « un problème de réfugiés comme nous n’en avons jamais vu auparavant »,15 millions de personnes pourraient quitter l’Ukraine si l’aide militaire américaine s’arrêtait sans solution de remplacement.
- A son investiture, D. Trump a ordonné une pause de 90 jours dans les programmes d’aide au développement.
- Pour l’instant nul ne sait si cette interruption s’appliquera à leur aide militaire.
- Il est fort probable que les retards dans l’octroi d’une aide militaire américaine au début de l’année 2024 ont permis à la Russie de progresser … il est à craindre que cela ne se reproduise si D. Trump décide de forcer les négociations en suspendant l’aide.
- Peut être un retournement de situation en cette fin de 1e semaine de l’administration Trump 2 :
- Keith Kellogg, l’envoyé de paix du président américain Donald Trump pour l’Ukraine et la Russie, annonce que le gouvernement américain envisage d’acheter des armes américaines pour l’Ukraine avec de l’argent provenant d’actifs russes gelés.
- Cette approche permet à la fois de soutenir l’Ukraine et renforcer l’industrie de la défense américaine et rejoint donc la position de l’Union.