Comme nous l’écrivions la semaine dernière (EIH 06.01.25), l’UE est aux prises avec un vide politique. Mais entre les deux grands Etats membres qui pourraient le réclamer, la Pologne de Tusk et l’Italie de Meloni, il se pourrait que l’arbitre de ce nouvel âge du leadership européen se trouve en D. Trump.
- G. Meloni a fait le pari d’une relation privilégiée avec le président américain en se rendant dès cette semaine à Mar A Lago.
- D. Tusk, lui, devra sûrement trancher entre maintenir l’amitié traditionnelle d’un pays historiquement atlantiste et le réalisme de la défense des intérêts européens et polonais, en particulier en matière de sécurité et d’aide à l’Ukraine.
- Ce samedi 4 janvier, la Première ministre italienne Giorgia Meloni a donc rendu une visite surprise au président-élu Donald Trump dans sa propriété de Mar-a-Lago, en Floride.
- Les cinq heures passées à discuter de sujets allant des taxes que Trump prévoit d’imposer sur les importations européennes, à la détention en Iran d’une journaliste italienne, montrent que Meloni s’assure un rapprochement avec Trump et son entourage.
- Toutefois, la question de qui profitera de l’appréciation du nouveau président américain pour la leader d’extrême-droite reste ouverte.
- Un sujet de discussion – que Meloni nie avoir abordé lors de cette visite, cependant – a provoqué l’outrage des législateurs européens et de l’opposition italienne :
- à la suite de la rencontre Trump-Meloni, Elon Musk, le nouveau bras droit de Donald Trump et propriétaire de Space X, a affirmé être prêt à offrir des services de communication sécurisés à l’Italie par le biais de sa constellation de satellites en orbite basse terrestre, Starlink.
- Hasard ou non, les discussions entre le ministère de la défense italien et SpaceX étaient au point mort avant une soudaine reprise des négociations, consécutivement à la visite de Giorgia Meloni en Floride.
- Plusieurs eurodéputés et députés italiens de l’opposition ont immédiatement réagi en signalant l’erreur stratégique et économique que serait un tel contrat, évalué à 1,5 milliards d’euros.
- La motivation principale semble être un rapprochement politique entre Meloni et le populiste Trump, plus que l’arrivée de la fibre dans les zones reculées du territoire italien.
- De plus, la constellation européenne IRIS², dont l’entrée opérationnelle est prévue dès cette année, offrira exactement ces services à l’Italie, qui a déjà effectué les versements pour le programme.
- Son coût est similaire à celui pour l’usage de la constellation Starlink, mais à l’échelle des 27 Etats membres.
- Inutile de préciser que IRIS², contrairement à Starlink, est une constellation européenne souveraine.
- Ces satellites, bien qu’au nombre bien plus réduit que Starlink (environ 300 prévus), seront répartis sur plusieurs orbites, assurant une résilience des signaux en cas de destruction en chaîne sur l’orbite basse terrestre surpeuplée.
- IRIS² a été conçue pour fournir des signaux sécurisés à usage gouvernemental, là où Starlink n’a qu’une vocation commerciale, puisque c’est Starshield, le pendant militaire de Starlink, qui propose de tels services.
Cette bonne entente entre Meloni et la nouvelle administration Trump semble pour l’instant n’être qu’en faveur des affaires d’Elon Musk, et non des consommateurs italiens. En outre, il y a fort à parier que se mettre dans la main de Musk et Trump n’est pas le plus intelligent des mouvements pour prendre le leadership politique sur l’UE.