La lecture attentive du rapport Draghi montre que celui-ci n’envisage la soutenabilité que dans le cadre des questions d’énergie. La décarbonation est la seule politique verte prise en compte (cf. EIH 16/9/24 ter). Ce que le rapport observe, à juste titre, c’est que le seul domaine dans lequel l’Union européenne possède un réel avantage comparatif est celui des technologies vertes et propres, où elle dispose d’une avance réelle et d’un certain leadership mondial. A la croisée des ambitions environnementales de l’UE et de ses enjeux de transformation industrielle se trouve le marché des véhicules électriques.
- Un récent document de travail de la BCE revient sur la nature du déclin de la compétitivité de l’Europe : le problème est chinois.
- Le papier montre, entre autres ,que la Chine et la zone euro sont de plus en plus en concurrence sur les marchés d’exportation mondiaux.
- Alors que la Chine opérait auparavant dans des secteurs à faible valeur ajoutée, elle est désormais une concurrente directe dans les industries à forte valeur ajoutée.
- C’est le cas des véhicules électriques, et la raison des tarifs douaniers imposés par les Etats Unis, auxquels les Européens tentent de se résoudre – tout en préférant les complexes approches des procédures anti-dumping et de leurs amendes (cf. EIH 23/6/24).
- Pour répondre aux nouvelles conditions politiques européennes, la Chine cherche les moyens de maintenir l’expansion de son industrie automobile en Europe, cultivant des relations bilatérales contrastées avec la Hongrie et la Turquie.
- Depuis plusieurs années, la Chine cherche à pénétrer le marché européen et l’annonce l’an dernier de la construction d’une usine BYD en Hongrie était un pas significatif en ce sens (V. EIH 07.07.24).
- Mais selon Bloomberg le plan ne se passe pas comme prévu pour V. Orban, entre les protestations locales et les risques environnementaux, l’UE pourrait s’en mêler.
- Avec Ankara les relations sont plus tendues, étant donné les discriminations envers les Ouïghours, dont la Turquie s’est fait le défenseur.
- Mais pour R.T. Erdogan, le rapprochement avec la Chine se fait avec l’idée d’améliorer ses relations avec l’Asie et de renforcer ses liens commerciaux en intégrant les BRICS, comme l’explique cet article de The Conversation.
- Dans une relative impasse économique, la Turquie cherche à construire des industries locales et mise sur les voitures électriques.
- RFI rapporte que la Chine aurait conseillé à ses fabricants de véhicules électriques d’éviter d’investir dans des pays comme l’Inde et la Turquie pour préserver sa technologie de pointe en matière de véhicules électriques.
- Une crainte justifiée “d’arroseur arrosé”, puisque c’est exactement de cette façon que la Chine a pu acquérir les technologies qui lui permettent aujourd’hui de concurrencer l’UE ou les Etats-Unis.