Les deux partis traditionnels taïwanais sont à nouveau en tête des législatives : le KMT, traditionnellement pro-Chine, s’est incliné dans l’élection présidentielle (33.4% des votes) face au candidat du parti de la présidente sortante du DPP (40%), mais avec les 49+3 sièges remportés dans l’assemblée (le Yuan législatif) sur les 113 sièges promet une opposition sérieuse pour le DPP. Quant au TPP, qui espérait s’imposer comme un choix non-traditionnel pour les électeurs déçus des deux grands partis, il remporte 26.4% des votes à l’élection présidentielle et 8 sièges au parlement. Il devient une force non négligeable pour les années à venir.
- Le DPP, qui sort vainqueur de ces élections, mais avec le même nombre de sièges que le KMT (49 + 2 avec l’attribution proportionnelle aux votes recueillis par le parti), devra chercher à s’allier avec le TPP puisqu’il n’a pas obtenu les 57 sièges nécessaires à la majorité.
- La conséquence devrait consister en une forme de modération du DPP dans sa politique antagoniste envers la Chine, malgré l’élection de Lai Ching-te que Pékin critique fortement.
- Dans son discours de nouvelle année, le président chinois Xi Jinping a réitéré la volonté du parti communiste chinois (PCC) de faire revenir Taiwan dans le giron du pays.
- Alors que l’économie chinoise est aux prises avec sa sortie du Covid, l’impatience du PCC et les résultats électoraux de Taiwan pourraient renforcer les tensions.
- Les signaux venant de Taiwan sont à l’apaisement : le nouveau président Lai a immédiatement annoncé vouloir maintenir la stabilité dont profite jusqu’ici la région, envoyant un signal à Beijing qu’il ne proclamera pas l’indépendance de l’île.
- Cette temporisation est aussi liée aux initiatives de détente lancées par Washington lors d’un sommet en novembre dernier.
- Cela pourrait ne pas suffire : la rupture générationnelle entre les jeunes Taiwanais, pro-DPP et indépendance, et la génération de leurs aînés plus favorables à une relation paisible et subordonnée à Pékin, se fait un peu plus sentir à chaque élection.
- Les ambitions chinoises d’être, en 2049, la première puissance mondiale passent nécessairement par le bouleversement stratégique que permettrait l’accès au Pacifique.
- Le statu quo est loin d’être garanti.