Russie et Turquie sont de vieilles connaissances. Leur rivalité géopolitique est ancienne : elles ont une histoire commune de guerres dans la mer Noire, pendant le long déclin et la chute de l’Empire ottoman, dont la guerre de Crimée (1853-1856) reste dans leurs mémoires. Depuis une décennie, elles se livrent quelques guerres par procuration, notamment en Syrie et en Libye. Or, au sommet de Sotchi, en début de semaine dernière, il n’était pas sûr si V. Poutine et R.T. Erdogan seraient sur un pied d’égalité ou si Moscou s’imposerait.
- Ankara cherche à préserver son influence régionale et éviter la présence renforcée de l’OTAN autant que l’hégémonie russe.
- Moscou est dans une stratégie disruptive et peut se permettre de jouer avec les intérêts turcs.
- Au final, même le président Erdogan n’aura pas réussi à convaincre V.Poutine de revenir dans l’accord céréalier de la mer Noire, qu’il avait quitté en juillet.
- Jouant son rôle de médiateur dans le conflit ukrainien, en tant que seul membre de l’OTAN encore capable de parler avec Moscou, R.T Erdogan aura tout tenté pour faire revenir la Russie dans cet accord.
- En vain, l’échec du sommet de Sotchi se traduit immédiatement par un regain de tension sur les marchés céréaliers.
- Pour la Russie de V. Poutine, l’accord sert de moyen de pression pour contrer les sanctions occidentales. Parmi les conditions, il exige la reconnexion de la Banque Agricole Russe au réseau SWIFT dont elle a été exclue.
- Il exige, au-delà, des garanties pour faciliter l’exportation d’engrais et de céréales russes.