La flambée des prix de l’énergie tend les discussions des Européens sur la réforme du marché de l’énergie et sur la place du nucléaire.
- Le quotidien allemand FAZ rapporte que si au sommet européen du 21 et 22 octobre, il n’y a pas eu de réponse commune de l’UE sur l’énergie, trois positions se sont démarquées.
- Neuf États membres (l’Autriche, l’Allemagne, le Danemark, l’Estonie, la Finlande, l’Irlande, le Luxembourg, la Lettonie et les Pays-Bas) ont publié une déclaration commune indiquant qu’ils s’opposent à toute réforme en conflit avec les marchés du gaz et de l’énergie.
- Ils estiment en effet que la flambée des prix de l’énergie est une crise temporaire causée par la reprise économique mondiale et non par la conception du marché du gaz de l’UE.
- Selon eux, une réforme du marché de l’électricité « ne sera [donc] pas un remède pour atténuer la hausse actuelle des prix de l’énergie liée aux marchés des combustibles fossiles ».
- Un récent rapport (commandé par la commission Industrie Recherche et Energie au Parlement européen) estime pourtant que l’UE pourrait perdre jusqu’à 5,6 % de son PIB en 2050, soit 1 000 milliards de dollars, si elle n’en fait pas plus pour transformer son système énergétique.
- La France et l’Espagne appellent au contraire à revoir le fonctionnement des marchés.
- L’Espagne a notamment été l’un des premiers pays à proposer des solutions à cette hausse des prix comme l’achat groupé de gaz par exemple (voir EIH 21/10/21) ou le découplage du prix de l’électricité du coût du gaz. De plus, lors du Conseil des Ministres de l’Energie le 26 octobre, le gouvernement espagnol a fait circuler un document de synthèse proposant de “plafonner” le prix de l’électricité produite à partir de gaz.
- Le ministre Français des Finances Bruno Le Maire entend réformer ce marché « aberrant » et « obsolète » : « Nous obtenons notre électricité des centrales nucléaires et de l’énergie hydraulique. Donc cette hausse des prix du gaz alors que nous avons notre indépendance en termes de production d’électricité est totalement absurde » ».
- Enfin, les États de l’Est profitent de la situation pour remettre en cause la pertinence du paquet climat dans ce contexte de crise et demander son report.
- La Pologne explique dans un document que “la flambée des prix de l’énergie a un impact direct sur tous les citoyens de l’UE et a un coût socio-économique particulièrement élevé, notamment pour les ménages les plus vulnérables, alors que l’UE doit encore faire face aux profondes retombées économiques de la pandémie de COVID-19”.
- Le document propose de réformer le système d’échange de quotas d’émission (SEQE), reflet entre autres “des craintes de Varsovie que la mise en œuvre des politiques climatiques de l’UE soit plus difficile et plus coûteuse pour les États membres les plus pauvres” selon Euractiv.
- Les dirigeants des Vingt-Sept ont aussi débattu des sources énergétiques à privilégier face à la crise.
- La France et ses alliés ont promu le nucléaire. Ils ont obtenu une petite victoire puisque les conclusions définitives du Conseil européen insistent sur l’importance de « tenir compte de la diversité et de la spécificité de la situation des États membres », ce qui signifie que l’UE devra continuer de s’appuyer sur le nucléaire encore un temps.
- D’autres, au Sud et à l’Est, veulent soutenir le gaz via des investissements dans le stockage ou des achats groupés.