Membre du GIEC et spécialiste des migrations, a fortiori induites par le climat, François Gemenne signale une récente étude de la revue scientifique Nature qui met à mal la rhétorique de “l’appel d’air” et considère que le sauvetage des naufragés de fortune encourage les traversées. Le non-respect des droits fondamentaux et le mépris l’Etat de droit ne sont donc pas des réponses à la “pression migratoire”.
- Nous l’avons souligné à de nombreuses occasions, c’est sur cette question existentielle que l’Europe joue en grande partie sa raison d’être.
- Cages à la frontière bulgare, mépris du droit de la mer par les garde-côtes italiens, lenteur délibérée des secours grecs, condamnation de la France par la Cour européenne des droits de l’Homme pour enfermement de mineurs, durcissement des politiques d’accueil au Danemark, pour ne citer que ces cas.
- Le traitement des migrants et la gestion des flux pour assurer la sécurité de ces individus est un défi permanent aux valeurs européennes.
- Face à des opinions publiques inquiètes, il s’agit, pour les gouvernements conservateurs, d’un levier électoral facile à actionner.
- Inaugurée par Viktor Orban en 2016 avec une question transpirant la manipulation, la mode des référendums sur l’immigration se poursuit.
- Alors que se profilent des élections compliquées, le gouvernement conservateur polonais du PiS compte poser le jour des élections quatre questions référendaires dont celle sur l’immigration qui interpelle :
- oui ou non à “l’admission de milliers d’immigrants illégaux du Moyen-Orient et d’Afrique, conformément au mécanisme de relocalisation forcée imposé par la bureaucratie européenne” ?
- Ceci n’ayant pas de sens puisque ce gouvernement a refusé toutes les demandes de preuve de solidarité demandées par l’italie. Personne n’impose toujours rien à qui que ce soit pour le moment.
- Se pose aussi sérieusement la question du sort des migrants en provenance d’Asie : l’avis des électeurs polonais n’aurait-il pas besoin d’être donné pour ces migrants ?
- Au-delà de la manœuvre électoraliste, se pose plus sérieusement le problème tenant au fait qu’il s’agit d’un pays dont la croissance soutenue s’accompagne d’un fort besoin de main d’œuvre menant à un assouplissement de sa politique migratoire.
- Mêmes contradictions pour l’Italie, qui s’est donnée un gouvernement conservateur sur la famille, libéral sur l’économie et réactionnaire sur l’immigration.
- Les observateurs font état d’un paradoxe : les arrivées par la mer de migrants auraient plus que doublé depuis l’arrivée au pouvoir de G. Meloni.
- On ne peut ignorer la comparable croissance entre l’augmentation des migrations et l’inexorable déclin démographique, comme le fait remarquer Giancarlo Giorgetti, le ministre des Finances, qui a annoncé la mise en place de politiques natalistes – un point qui fait relativement consensus en revanche.
- Nous avions déjà développé ce point en mai 2023.