L’adhésion à l’Union pour garantir des jours meilleurs est de nouveau tendance. Après plus de 15 ans à maudire les termes “élargissement” ou “fédéralisme”, la candidature de 3 nouveaux États – d’un seul coup – ne semble plus choquer qui que ce soit.
- Consécutivement à la signature d’une demande officielle d’adhésion à l’UE le 28 février, le président ukrainien s’est exprimé devant le Parlement européen, le 1er mars, lors d’un discours en visioconférence qui a suscité une émotion très vive. Il en a profité pour réitérer la demande d’intégration, sans délai, de son pays à l’Union européenne.
- “L’Europe sera plus forte avec l’Ukraine en son sein, tandis que sans l’UE, l’Ukraine sera seule” « Prouvez-nous que vous ne nous abandonnez pas, et que vous êtes vraiment des Européens », a-t-il plaidé.
- Ursula von der Leyen, Charles Michel et Josep Borrell ont salué le réveil de “l’Europe géopolitique”.
- Un consensus au sein du Parlement européen, de l’extrême-droite à la gauche radicale a débouché sur le vote d’une résolution.
- Approuvé à une écrasante et inédite majorité de 637 élus, le texte appelle à activer la directive protection temporaire – citée précédemment -, élargir les sanctions contre Moscou, et à accorder à l’Ukraine le statut d’État candidat à l’adhésion à l’Union européenne.
- Le cauchemar des nostalgiques de l’URSS et des eurosceptiques ne s’arrête pas là : le jour suivant, deux autres anciens états fédérés soviétiques, la Géorgie et la Moldavie, remettent leur demande d’adhésion.
- La Moldavie suit avec une attention particulière le conflit voisin, de peur que le futur de la guerre ne s’étende jusqu’à ses frontières, trente ans après un cessez-le-feu fragile et le maintien d’un conflit gelé en Transnistrie
o Un des premiers objectifs pour Chisinau, dans le contexte de guerre, est d’accueillir les réfugiés qui souhaitent quitter l’Ukraine.
- Pour faire face au risque de déstabilisation, l’état d’urgence a été instauré pour une durée de soixante jours à partir du 24 février 2022.
- Ainsi les forces de l’ordre et les patrouilles de police peuvent renforcer leurs activités pour éviter que des manifestations éventuelles ne dégénèrent.
o Dans un article pour le JDD, Julien Arnoult détaille les scénarios qui s’offrent à ce petit pays très pauvre coincé entre la frontière roumaine de l’UE et l’Ukraine en guerre.
- Si dans un temps immédiat on peut le plaindre, c’est pourtant bien dans ce petit État, partagé entre populations roumaines et russes, que les cartes pourraient être rebattues.
- Comme nous l’avions indiqué, cet automne, la Moldavie avait été la première à exposer son désaccord à Gazprom, à la surprise générale. La résistance semble donc déjà envisagée depuis plusieurs mois par Maia Sandu sa présidente.
- La Présidence française du Conseil de l’UE a indiqué que l’Union va évaluer officiellement ces candidatures des trois pays dont la valeur symbolique est importante, rappelle Politico.
- Le lundi 7 mars, l’Union européenne a lancé la procédure pour l’examen de l’adhésion des trois pays. Les 27 États membres devront décider s’ils accordent le statut de candidat, avant que débutent des « négociations longues et complexes », pour reprendre les mots du Figaro.
- Devant ce qui pourrait passer comme un passe-droit, les autres pays candidats ou en attente de voir leur candidature acceptée vont probablement exiger quelques éclairages quant à leur accueil dans la famille européenne.
- Ce qui ne devrait pas manquer de donner quelques arguments aux eurosceptiques balkaniques.
- Si l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie souhaitent une procédure d’adhésion « accélérée » à l’UE, le politiste Olivier Costa, professeur au Collège d’Europe, rappelle sur Euradio que le processus en question est très long, et pourrait durer entre cinq et dix ans.
- Toutefois, il convient d’admettre que la demande du statut de « candidat » est un premier signe fort, même si une intégration « sans délai » est irréaliste, selon un article du Journal du Dimanche.