EUROVISION

En Belgique, depuis la séparation du pays en deux communautés politiques linguistiques, les francophones ne peuvent plus voter pour des partis néerlandophones, et réciproquement (sauf à Bruxelles, officiellement bilingue). En conséquence, le nord et le sud du pays ont tendance à vivre des débats publics différents et des trajectoires politiques distinctes, voire contradictoires, et le sentiment d’appartenance au pays en est fragilisé. C’est le chemin inverse que pourrait prendre l’Union européenne en se dotant d’une circonscription continentale.

  • Alors que l’élection européenne est actuellement régie par des scrutins nationaux distincts, le Parlement européen a voté, le 3 mai dernier, une réforme visant à réformer la loi électorale de l’Union européenne et entre autres à adopter les “listes transnationales”.
  • La présente réforme, adoptée à 323 voix contre 262, a notamment pour objet la mise en place d’un scrutin unique, avec des normes minimales communes.
    • Ce vote constitue le premier changement électoral au sein de l’Union européenne depuis 1976, comme le précise RFI.
    • L’idée est d’insuffler un nouvel élan européen aux élections européennes, qui restent dans les faits, encore trop nationales.

  • Cette réforme pourrait mettre en place des mesures pour les prochaines élections qui auront lieu en 2024. En particulier, la création de listes transnationales.
    • En plus des 705 sièges actuels européens, le texte permettrait aux électeurs de désigner 28 élus supplémentaires, pris sur les sièges laissés vacants depuis le départ (émouvant) des élus britanniques après le Brexit.
    • Ces élus paneuropéens proposés par des fédérations européennes  de partis politiques nationaux devraient permettre enfin une campagne électorale à l’échelle du continent.
      • Chaque citoyen disposant de deux bulletins de vote à choisir, dans l’isoloir, et pourrait ainsi choisir son représentant en lien avec son ancrage national et un autre élu selon une préférence partisane transnationale.

  • Euractiv détaille le défi qui se pose compte tenu de la différence de taille entre les États membres.
    • À titre d’exemple, 10% des votes en Allemagne pour un candidat peut représenter jusqu’à 100% des votes pour l’État européen le plus petit.
      • En ce sens, la proportionnalité dégressive, qui est actuellement utilisée dans l’institution européenne, est conservée : Malte reçoit plus de voix au Parlement que l’Allemagne.

  • Si le présent vote constitue une avancée réelle, Politico précise que le chemin est encore long.
    • L’idée de la mise en place de listes transnationales est officiellement proposée pour la cinquième fois, mais c’est toujours au Conseil que la proposition s’est vue bloquée.
      • Le député européen Martin Schirdewan a indiqué que la difficulté tiendra du fait d’obtenir une position unanime du Conseil de l’UE.