La candidature de l’Ukraine à l’Union européenne anime la discussion publique dans l’UE.
- En visite ce samedi 11 juin 2022 à Kiev, Ursula Von der Leyen a renouvelé son soutien à Volodymir Zelensky sur la candidature de son pays à l’UE et sur le retour de la question de l’élargissement à l’agenda européen.
- « Nous voulons soutenir l’Ukraine dans son parcours européen », lit-on dans l’Humanité. Elle a aussi promis une « réponse rapide » sur le statut de candidat à l’Union, informe Le Monde.
- Dans le cadre des Journées de solidarité avec l’Ukraine, Roberta Metsola, présidente du Parlement européen, doit elle aussi s’exprimer sur l’adhésion de l’Ukraine, même si à la suite de l’avis motivé rendu par la Commission européenne, ce sera évidemment aux chefs d’États et de gouvernements de l’Union de se prononcer.
- Cet élargissement inimaginable au début de la PFUE constituera l’un des sujets majeurs de débat du Sommet européen des 23 et 24 juin prochain, selon La Libre Belgique.
- La réponse de l’UE d’accorder ou non le statut de candidat à l’Ukraine devrait arriver la semaine prochaine.
- Franceinfo revient sur la division des 27 à propos de cette candidature.
- Si les pays de l’Est sont favorables à cette adhésion, les Pays-Bas, le Danemark, l’Allemagne et la France se montrent plus réservés.
- Plus surprenant, la Suède soutient fortement la candidature de l’Ukraine. Elle fait figure d’exception, tout comme l’eurodéputé Bernard Guetta (FR-Renew), qui parle même d’une « priorité politique absolue à court terme ».
- Cet élargissement inimaginable au début de la PFUE constituera l’un des sujets majeurs de débat du Sommet européen des 23 et 24 juin prochain, selon La Libre Belgique.
- Ihor Zhovkva, conseiller en politique étrangère du président Zelensky, insiste auprès d’Euractiv, sur l’importance d’obtenir une réponse favorable à la demande du statut de candidat. Il craint que le message envoyé à la Russie soit celui d’une Europe faible.
- C’est en cela qu’il faut distinguer le message envoyé à Moscou et celui qui s’adresse aux Européens.
- Ursula Von der Leyen a d’ailleurs évoqué la fragilité des institutions ukrainiennes, et que beaucoup reste à faire dans la lutte contre la corruption.
- Ihor Zhovkva a répondu qu’ils étaient « prêts à y travailler », en mentionnant également le contexte de guerre, qui rend plus difficile les réformes étatiques.
- Sur France inter, Clément Beaune, ministre français délégué aux Affaires européennes a également insisté sur la durée et la complexité de ce processus d’adhésion.
- Il a ainsi rappelé la nécessité du projet d’Emmanuel Macron de créer une Communauté Politique Européenne, afin que l’Ukraine soit liée rapidement au club des 27, au-delà du processus d’adhésion classique qui peut prendre des années, voire des décennies, rappelle France info.
- Le think tank Democracia s’interroge sur cette idée de communauté politique européenne.
- D’une part, la création de cette instance permettrait de rapprocher de manière « rapide et solide » les candidats à l’UE, sans pour autant établir une « procédure interminable ».
- D’autre part, de nombreuses questions restent en suspens face à la création de cette potentielle CPE, notamment celle de la défense, de l’intégration par des pays dont les frontières sont contestées, ou de la place de la Turquie.
- Ihor Zhovkva a rejeté cette idée en déclarant de façon fort peu diplomatique : « Pas de statut de candidat “potentiel” — nous ne méritons pas un scénario à la bosniaque », et « Ni candidat potentiel, ni candidat pour dire d’être candidat, ni semi-candidat, juste candidat ».
- Dans ce contexte, le Royaume-Uni a proposé une alternative : l’intégration de l’Ukraine dans une autre communauté européenne, appelé « Commonwealth européen » dont les principes et les contours ressemblent fort à une tentative de concurrencer l’UE. Comme au moment de la fondation de l’AELE.
- Selon le quotidien italien Corriere della Sera, il s’agirait d’une « nouveau système d’alliances politique, économique et militaire, alternatives à l’Union Européenne ».
- Les pays membres seraient alliés par leur euroscepticisme, et par leur opposition à la timidité de la réponse de l’Allemagne face à la guerre en Ukraine.
- Boris Johnson aurait fait cette proposition à Volodymir Zelensky lors de sa visite à Kiev le 9 avril, et fait depuis un lobbying intense pour convaincre le président ukrainien.
- Au-delà de l’Ukraine, et des pays limitrophes à la Russie comme la Pologne, Lettonie, Lituanie, ou l’Estonie, Boris Johnson a également évoqué la potentialité d’intégrer la Turquie à cette nouvelle alliance, à un stade plus tardif.
- Selon le quotidien italien Corriere della Sera, il s’agirait d’une « nouveau système d’alliances politique, économique et militaire, alternatives à l’Union Européenne ».
- Profitant de ce contexte favorable à l’élargissement, le Kosovo annonce déposer sa demande d’adhésion à l’UE d’ici fin 2022.
- « L’Europe est notre destin, l’Europe est notre avenir », a déclaré Albin Kurti, président kosovar, lors d’une conférence de presse aux côtés d’Olaf Scholz.
- Cependant, rappelle Euractiv, la situation reste complexe car entre la Serbie et le Kosovo, le dialogue est rompu.
- Ces négociations péniblement entamées il y 11 ans ne semblent plus intéresser grand monde.
- Olaf Scholz a par ailleurs rappelé sur ce sujet du conflit entre les deux pays qu’ « il n’est pas concevable que deux pays qui ne se reconnaissent pas mutuellement deviennent membres de l’UE ».
- Ce à quoi Aleksandar Vučić a répondu qu’il ne cèdera pas à une telle pression de Berlin.
- D’ailleurs, Chypre, la Roumanie, l’Espagne, la Slovaquie et la Grèce ne reconnaissent toujours pas le Kosovo comme pays indépendant de la Serbie.
- Autre point de discorde majeur en ces temps de candidatures à l’Union, Politico est l’application des sanctions à l’encontre de la Russie, que la Serbie refuse de suivre.
Les élargissements de l’UE ont toujours eu une dimension géopolitique majeure, mais le contexte actuel est loin de favoriser également tous les pays candidats.