KIRIL ET KIPLEUR

Il fut un temps où Sofia était considérée comme le meilleur allié européen de Moscou mais, le 28 juin 2022, le gouvernement Petkov a décidé d’expulser un certain nombre de diplomates russes considérant qu’ils travaillent contre les intérêts de la Bulgarie.

  • Les diplomates russes avaient jusqu’au 3 juillet pour partir.
  • Ce raidissement des relations entre Russie et Bulgarie, a suscité la colère de l’ambassadrice russe, Eleonora Mitrofanova, qui se déclare prête à demander la fermeture de l’ambassade.
    • Cette expulsion est la plus importante jamais réalisée pour le nombre de diplomates expulsés par un pays membre de l’Union européenne et de l’OTAN.
    • Le 4 juillet, le ministre des Affaires étrangères russes, Sergei Lavrov, a déclaré que Moscou répondrait de la même manière.
  • D’ailleurs, la Bulgarie n’est pas le premier pays dans ce cas (une synthèse ici), et  la Russie a déjà expulsé de nombreux diplomates européens.
    • Ces expulsions mutuelles signalent que la Russie perd en influence sur le pays mais la chute du gouvernement pro-européen de Kiril Petkov, consécutivement au vote d’une motion de censure, pourrait lui être favorable.
    • Selon Balkan Insight, ce vendredi 8 juillet, le Premier ministre a annoncé qu’avec son parti “We Continue the Change”, il formera un autre gouvernement.
      • Selon lui, la difficulté est de trouver 121 parlementaires (la majorité au Parlement) qui ne seraient pas effrayés par le contexte politique actuel (Russie, Macédoine du Nord).
      • En effet, si c’est Skopje qui souffre de la non ouverture des négociations avec l’UE, il ne faut oublier que la Bulgarie se trouve en proie aux ambitions nationalistes favorables au Kremlin.
      • D’ici là (jusqu’aux élections en septembre), le pays sera gouverné par un cabinet intérimaire choisi par le Président Radev.

  • Selon une étude de Globsec, la proportion de Bulgares qui considèrent la Russie comme un partenaire stratégique est passée de 45 % en 2021 à 30 % en mars 2022.
    • L’image du Président Poutine est aussi en déclin, selon cette étude, les Bulgares qui voient Poutine de manière positive sont passés de 70% à 29% pendant la même période.
  • Cette baisse d’influence se reflète aussi dans le secteur énergétique. En effet, la Bulgarie est dépendante de la Russie qu’on ne le pense.
    • Dès que Sofia a refusé de payer son en roubles russes, Gazprom a interrompu les livraisons (cf. EIH): la Bulgarie veut se tourner vers  l’Azerbaïdjan et les ports GNL de Grèce.
    • K. Petkov a ainsi annulé trois grands projets énergétiques russes: l’oléoduc Burgas-Alexandroupolis, le gazoduc South Stream et la centrale nucléaire de Belene.
    • Et ce vendredi, Petkov et le Premier ministre grec Kyriákos Mitsotákis ont annoncé l’achèvement de l’interconnexion gazière entre les deux pays.

  • On comprend donc que des moyens sont mis en œuvre pour provoquer quelques troubles dans la région comme, par exemple, le fait d’ériger en priorité absolue la qualification du macédonien comme un dialecte bulgare et non une langue en tant que telle.
    • Une raison suffisante – semble-t-il – pour provoquer de violentes manifestations.