LE VERT DE LA GUERRE 

Il n’y a pas que sur le domaine de la transition énergétique que les ambitions vertes de l’UE se retrouvent confrontées aux difficultés liées à son insertion dans les marchés mondialisés (EIH 5/5/22).  

  • La deuxième, concerne les pesticides interdits dans l’UE, qui en grande partie sont toujours produits… en Europe.  
  • Le paradoxe est donc criant : l’UE exporte chaque année pour 6,6 milliards d’euros de ces substances.  
  • Face à cette double incohérence, l’Observatoire européen de la fiscalité propose l’instauration d’un mécanisme d’ajustement phytosanitaire aux frontières, inspiré du CBAM (Carbon Border Adjustment Mechanism), qui vise déjà à tarifer les émissions de CO₂ des importations industrielles. 
  • sur le modèle des “fuites de carbone”, au détriment de la question de la biodiversité, qui est, elle, un enjeu mondial.  
  • En effet, si l’Europe interdit des substances comme le paraquat ou limite fortement le glyphosate (dont le renouvellement de son autorisation est une véritable saga depuis 2017 – EIH 26/11/23) les produits alimentaires qui en contiennent reviennent largement par les importations. 
  • Notamment en provenance du Mercosur, qui représente 24,6 % de l’empreinte glyphosate européenne tout en ne pesant que 6,3 % des volumes consommés. 
  • Si chacun des scenarios considère un maintien de l’objectif de réduction de 50% des usages de pesticides instauré par le pacte vert :  
  • le premier, sans taxe, aboutit à une augmentation des importations (+30 % de blé, +8,3 % de maïs), aggravant l’empreinte environnementale 
  • le deuxième introduit une taxe « compensatoire » pour maintenir la part de marché des producteurs européens, sans effet direct garanti sur l’environnement ;  
  • le troisième repose sur une taxe fondée sur les résidus de pesticides, applicable à tous – Européens comme non-Européens – ce qui renforcerait à la fois la compétitivité locale (car l’agriculture européenne contient moins de résidus que celle importée) et la durabilité globale. 
  • Toutefois, ce mécanisme présente de nombreux défis comme la mesure précise des résidus, le tracement des molécules utilisées ou encore l’évitement des contournements commerciaux, pour ne citer que ces points.  
  • Ainsi, la “taxe pesticides aux frontières” incarne une tentative de résoudre un double dilemme :  
  • aligner compétitivité et écologie d’une part, et éviter l’hypocrisie commerciale d’autre part.  
  • Elle constituerait, alors, une avancée vers une politique commerciale européenne réellement cohérente avec ses ambitions environnementales.