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Lors d’une réunion de la commission de l’Environnement du Parlement européen (ENVI), le 28 avril dernier, le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, a accusé les opposants à la dimension agricole du Green Deal de prendre la guerre actuelle comme « prétexte » pour entraver les ambitions européennes en matière d’agriculture écologique.

  • « Si nous ne comprenons pas que la stratégie Farm to Fork est une tentative de sauver l’agriculture, et non de la punir (…), nous sommes vraiment dans une mauvaise attitude », a-t-il précisé.
  • S’il est indéniable que la guerre en Ukraine constitue un risque réel pour le secteur alimentaire en Europe et dans le monde, et peut entraîner des inquiétudes quant à la sécurité alimentaire, il rappelle pour Euractiv, que cette crainte est infondée.
    • Prétendre qu’il y a aujourd’hui un risque de pénurie alimentaire au sein de l’Union européenne est « irresponsable et incroyablement malhonnête ».
    • Il est certain que l’UE doit surveiller de près les risques de famine en Afrique et dans d’autres régions du monde. Toutefois, le vice-président estime que le problème ne relève pas des quantités de maïs ou de blé disponibles, mais davantage des difficultés logistiques et financières.
      • Selon lui, il est nécessaire de maintenir ici la stratégie De la ferme à la table, qui viendrait réellement sauver l’agriculture.

  • À la suite de ces propos, Christiane Lambert, présidente du syndicat agricole européen Copa-Cogeca, a exprimé son désaccord total avec Frans Timmermans.
    • Elle met en avant les difficultés pour les populations les plus démunies d’avoir accès à l’alimentation à des prix raisonnables.
    • Elle a, par ailleurs, menacé de saisir la présidente de la Commission européenne, et attend un rappel à l’ordre de ce F. Timmermans.
      • L’offensive des lobbies du modèle productiviste européen pourrait remettre en cause la transformation de nos pratiques agricoles et paradoxalement causer une autre crise alimentaire, à terme.

La guerre en Ukraine affecte pleinement le secteur de l’agroalimentaire, les agriculteurs souffrant directement des conséquences du conflit. En ce sens, certains États membres, à l’instar de la Pologne et de la Bulgarie, ont mis en place des aides pour ces derniers et sauver le secteur en difficulté.

  • Dans le cadre de la politique agricole commune, la Pologne s’apprête à adapter son plan stratégique national, pour davantage mettre l’accent sur la sécurité alimentaire nationale en cas de crise.
  • En transmettant leurs PSN, la Commission européenne a demandé aux États membres de l’Union d’adapter ces plans au contexte géopolitique actuel.
    • Dans ce cadre, le ministre de l’Agriculture polonais a reconnu que les conditions qui ont façonné le plan de son pays ont considérablement changé, celui-ci devant être revu, et amélioré.
    • Ces dernières semaines, la Pologne a donc mis l’accent sur l’aide d’urgence, à destination directe des agriculteurs, qui doivent faire face à une augmentation des coûts en raison de la hausse des prix des engrais.
      • Cette aide, qui atteint 836 millions d’euros, doit venir soutenir les petites et moyennes exploitations agricoles.
    • Du côté de la Bulgarie, le gouvernement va allouer un budget de 560 millions d’euros pour la sécurité alimentaire, un budget record comme le relève Euractiv.
      • La guerre en Ukraine a eu des répercussions réelles sur la flambée des prix des aliments pour animaux, le gaz, et également les engrais.
      • Néanmoins, malgré le haut niveau d’aide du gouvernement, les agriculteurs bulgares ne sont pas satisfaits. Outre la lenteur de la réponse, les montants restent insuffisants.