Pour peu qu’on en suive les débats, la démocratie parlementaire européenne ne manque pas de spectacle. Ce mercredi 9 octobre, le Premier Ministre hongrois qui occupe actuellement la présidence du Conseil de l’UE était accueilli dans une atmosphère houleuse dans l’hémicycle à Strasbourg.
- L’ambiance n’est déjà pas exactement à la coopération depuis le début de la présidence hongroise.
- Les réunions sont régulièrement boycottées par une majorité de ministres de l’UE, pour marquer les divergences sur l’Etat de droit.
- Et surtout, dénoncer la diplomatie parallèle entretenue par V. Orban avec le Kremlin sur l’Ukraine (cf. EIH 7/7/24).
- Au Parlement, les échanges ont vite pris une tournure personnelle et agressive comme un règlement de comptes, en particulier avec Manfred Weber président du groupe PPE, ou Ursula von der Leyen, elle aussi membre du PPE.
- C’est donc du centre-droit que viennent les piques.
- PPE dont Viktor Orban fut longtemps l’un des piliers et même le Vice-Président, jusqu’à son expulsion/démission en 2021, sous la pression des éléments les plus libéraux et modérés (scandinaves, polonais, Benelux).
- La présidente von der Leyen s’en est fortement et personnellement pris à V. Orban qui continue de faire obstruction à l’aide à l’Ukraine et à sa rhétorique qui exempte Moscou de ses responsabilités.
- Dans le viseur aussi, les liens énergétiques toujours très forts entretenus avec Moscou, sur le nucléaire et surtout sur les énergies fossiles dont l’importation perdure.
- Surpris, le Premier ministre hongrois a rendu coup pour coup. Pourtant, c’est plutôt des libéraux et de la gauche que le Premier Ministre s’attendait à recevoir les coups, lui qui s’est fait le chantre d’une droite radicale et réactionnaire, en “croisade contre la gauche et l’immigration” notait Médiapart.
- Ces attaques du PPE soulignent d’une part la présence d’une opposition hongroise au sein du PPE.
- D’autre part, elle met en exergue le regain d’influence de V. Orban dans le jeu politique européen.
- Ceci est certainement lié à la formation du groupe “Patriots for Europe” (cf. EIH 7/7/24) qui peut revendiquer déjà deux membres à la table du Conseil, la Hongrie et les Pays-Bas… et bientôt un 3e avec l’Autriche (cf. EIH 7/10/24).
- Voire un 4e avec une potentielle victoire de l’extrême-droite en France en 2027?