La victoire des travaillistes doit beaucoup à leur refus de réouvrir les blessures du Brexit. La sortie de l’UE est un échec indiscutable, pour le moment : selon le Bureau pour la responsabilité budgétaire britannique le Brexit a fait baisser de 4% la productivité britannique, et de 15% les importations et exportations entre l’UE et le Royaume-Uni. La fermeture des frontières britanniques au programme Erasmus et aux étudiants étrangers et la refonte de la politique d’immigration, y compris pour les travailleurs saisonniers, constituent un sujet de discussion prioritaire pour la reprise des négociations. Diplomatiquement, les prises de décisions unilatérales de Westminster et de Stormont (le gouvernement d’Irlande du Nord) concernant le protocole nord-irlandais (cf. EIH 6/3/23) ont suscité des tensions entre l’UE et le Royaume-Uni, et les litiges à répétition entre pêcheurs français et britanniques ont mis à mal la « bonne entente » entre Paris et Londres).
- Les travaillistes avaient promis d’aplanir les différends avec l’UE, et leur victoire ne devrait pas changer grand chose à court terme.
- Soucieux cependant d’apaiser les mécontentements de la population sur les effets néfastes du Brexit sur l’économie, le nouveau Premier ministre britannique a annoncé , à l’occasion de sa tournée post-électorale en Irlande du Nord, qu’il pensait pouvoir renégocier les termes du Brexit à l’avantage du Royaume-Uni.
- Parallèlement, le nouveau gouvernement britannique cherche à renouer avec l’Union européenne par le biais d’un large pacte de sécurité, en complément de l’OTAN, qui lie toujours le Royaume-Uni à ses anciens partenaires européens.
- Le nouveau ministre des Affaires étrangères, David Lammy, a d’ailleurs choisi l’Europe, et plus précisément l’Allemagne, la Pologne et la Suède, pour son premier déplacement officiel, les 6 et 7 juillet 2024.
- « Il est temps de renouveler notre relation avec nos amis et alliés européens », a-t-il plaidé sur X le 6 juillet.
- À cette fin, il a discuté avec ses trois homologues d’un projet de pacte de sécurité qui couvrirait aussi bien la défense que le climat, l’énergie, les pandémies ou encore les minerais critiques.
- Ce pacte n’est pour le moment qu’une ébauche et, selon le Guardian, Londres souhaiterait qu’il ne soit pas juridiquement contraignant.
- Le ministre a par ailleurs rappelé que ce projet ne changeait en rien l’engagement de son gouvernement à ne pas rejoindre l’UE à moyen terme.
- David Lammy a également échangé par téléphone avec le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, et accepté son invitation à participer à une réunion du Conseil des Affaires étrangères en octobre, ce qu’avait refusé le précédent gouvernement, conservateur.
- Un autre signe de la volonté affichée, de part et d’autre de la Manche, de renouer le dialogue.
- Quoi qu’il en soit, le Premier Ministre Irlandais a traduit le sentiment de soulagement des 27 dans ce changement de garde à Londres: l’UE salue la nouvelle attitude constructive de son partenaire britannique.
Dans ce contexte UE UK renouvelé, se tiendra le 18 juillet 2024, à Woodstock, le 4e sommet de la Communauté politique européenne.