Qu’est ce qui arrêtera le Kremlin dans ses ambitions territoriales ? Lui laisser – en quelque sorte – la Crimée n’a pas suffi. Laisser couler des années d’ingérence – soutien et financement de partis politiques haineux – ainsi que le pilonnage de désinformation, non plus. La question de l’influence est capitale et elle est intimement liée à celle tenant à l’interruption des ambitions impérialistes.
- La Russie a des ambitions impérialistes, c’est admis, mais elle part du principe que l’Occident aussi.
- Chaque nouvelle adhésion d’un Etat à l’OTAN ou à l’UE – en particulier quand il s’agit d’un Etat ex soviétique – est perçu comme une extension impérialiste.
- Cet argumentaire repose sur des siècles de colonisation bien sûr – d’où l’écho russe en Afrique subsaharienne.
- Et des interprétations critiquables de la Charte des Nations unies et du traité de l’Atlantique Nord.
- Dans ce contexte, tous les outils – comme le Partenariat oriental – soutenant la société civile organisée sont envisagés par l’autre modèle comme un moyen d’influence impérialiste.
- L’idée serait donc : l’UE offre de l’argent pour encourager les oppositions, la Russie offre la puissance.
- C’est ainsi que voter une loi sur les agents étrangers en Géorgie (cf EIH 20.05.24), calquée sur un modèle russe de 2012, donne le signal d’un refus de l’influence de l’Union.
- Les manifestations témoignent donc du fait que les Géorgiens sont divisés sur le modèle à adopter.
- Certains estiment qu’adopter cette loi apaisera le Kremlin et garantira la paix à la Géorgie et d’autres estiment que non.
- Au Parlement géorgien, à l’issue de longs débats, le veto présidentiel opposé à la loi sur “les agents étrangers” a été annulé par 84 députés de la majorité.
- Des milliers de personnes étaient réunies pour se faire entendre des députés raconte Régis Genté.
- Toute la journée, dans un bruit infernal de sifflets et de vuvuzelas, les manifestants ont traité de «Russes» et d’«esclaves» les députés favorables à la loi.
- En effet, la majorité parlementaire est favorable à une telle législations, tandis que la présidente de la République y est opposée.
- La loi passe donc en force, malgré les manifestations et le veto de la présidente Salomé Zourabichvili.
- Le 26 mai, jour de la fête nationale géorgienne, le premier ministre Irakli Kobakhidze a d’ailleurs accusé la présidente Zourabichvili d’avoir troublé la paix dans le pays, au cours des deux dernières années.
- On retrouve la position de l’oligarque Bidzina Ivanichvili, chef du parti Rêve géorgien qui, pour après la victoire aux élections parlementaires de cet automne promet une condamnation politique et juridique stricte du collectif UNM (principal parti d’opposition et en général du “collectif” pro-occidental.»
- On remarque évidemment que les adversaires politiques sont forcément des traîtres à la nation et, bien sûr, des partisans de la guerre.
- Le message à faire passer est donc que – les démoniaques – Salomé Zourabichvili, Kaja Kallas, Ursula von der Leyen ou Maia Sandu sont responsables de l’extension du conflit.
- Sur un malentendu, on pourrait oublier qui a traversé une frontière avec ses chars d’assaut en février 2022 et en août 2008.