Faible audience pour des personnalités de faible notoriété continentale : le débat (ici en intégral) à Maastricht entre les Spitzenkandidaten – c’est-à-dire les porte-parole européens des différentes familles politiques (cf. EIH 15/5/23) – a d’abord souligné les faillites d’un dispositif électoral mal compris, mal exposé et mal mené.
- Malheureusement, ce débat était censé pallier le manque d’intérêt pour le scrutin européen en le rendant plus proche du schéma des élections nationales, comme une compétition entre adversaires politiques identifiés.
- Le site d’information touteleurope fait d’ailleurs le point sur les différentes figures en lice.
- D’après les observateurs, ce que ce débat souligne aussi fortement, c’est la position délicate de la présidente Ursula von der Leyen – “seule contre tous”, note Politico.
- La faiblesse de la candidate du PPE à sa propre succession ne vient pas seulement du manque de soutien dans sa propre famille politique (cf. EIH 24/3/24) .
- Elle vient aussi du changement dans les priorités politiques, et en particulier du rejet des mesures du Green deal, devenu central dans les thèmes de campagne, des conservateurs du PPE aux mouvements de droite radicale et extrême.
- Alors que von der Leyen n’est pas en mesure de défendre sereinement ce qui est l’essentiel de son bilan, ce sont les écologistes européens qui s’illustrent dans cet exercice.
- D’après Politico, leur représentant européen, le Néerlandais Bas Eickhout a largement emporté le succès d’estime dans l’exercice, contrastant avec les grandes difficultés de la liste française.
- Pour U. von der Leyen, la volte-face sur l’écologie et la défiance de ses soutiens rend l’équation menant à un second mandat à la tête de la Commission particulièrement incertaine.
- Choisie contre le système du Spitzenkandidat, dans un “deal de couloir” entre Emmanuel Macron et Angela Merkel en marge d’un énième Conseil européen en juin 2019,
- Et investie de justesse avec 7 voix par un Parlement revanchard en juillet 2019,
- La présidente de la Commission sait qu’elle doit élargir sa majorité, surtout si les écologistes manquent à l’appel.
- D’où l’empressement ces derniers mois à soutenir les initiatives de la Première Ministre italienne G. Meloni, dont la famille politique et le groupe (CRE) pourraient bien détenir les clés arithmétiques et politiques de sa réélection.
- D’ailleurs, à Maastricht, elle a explicitement ouvert la porte à un accord avec cette droite radicale.
- Ceci a causé un fort émoi chez les autres partenaires potentiels pour une majorité en sa faveur, que ce soient les socialistes, ou les libéraux.
- Ces derniers ont par ailleurs déjà fait de la présidente sortante une cible de leurs attaques.
La question se pose donc : si U. von der Leyen trébuche, qui pourrait la remplacer ? – à suivre, la semaine prochaine.