TO GRIEVE OR NOT TO GRIEVE 

Depuis ce funeste jour de février 2022, ce sont ceux qui envisagent un avenir pacifié et conforme à l’Etat de droit qui nous rappellent le privilège qu’il y a à être membre de l’Union européenne. Alors que nous célébrons les 20 ans du grand élargissement de 2004, il est bon de nous rappeler que les anciennes autocraties de l’URSS ont bel et bien été renversées par la mobilisation citoyenne. C’est en ce sens que relire M. Kundera ou B. Geremek prend tout son sens. 

  • Ce mercredi 1e mai 2024, l’ex-République soviétique de Géorgie vient de vivre une manifestation d’ampleur similaire à celles ayant amené à l’indépendance de Moscou. 
  • Ce petit pays du Caucase en a pourtant connu des centaines en trois décennies très mouvementées, entre séparatisme, guerre, révolution et crise politique. 
  • 80.000 manifestants, ce qui est énorme pour ce pays de 3,7 millions d’habitants  
  • L’objet de la manifestation est l’adoption en deuxième lecture, à une courte majorité de 83 votes favorables, du projet de loi sur la «transparence de l’influence étrangère» (EIH 28.04.2024). 
  • La détermination des pro-européens géorgiens est attisée par le comportement des pouvoirs publics. 
  • Lundi 29 avril 2024, le parti au pouvoir, Rêve géorgien de l’oligarque Bidzina Ivanichvili, a organisé un rassemblement de soutien à la loi à l’occasion duquel les forces de l’ordre n’ont pas jugé utile d’intervenir. 
  • Ceci tranche sérieusement avec les images de violences à l’encontre des manifestants opposés à la loi. 
  • Le Conseil de l’Europe déplore même des violences exercées contre des journalistes couvrant les manifestations. 
  • Pour ne rien arranger, l’oligarque président de Rêve géorgien a promis de réprimer l’opposition politique et ce « parti global de la guerre», justement visé par la « loi sur les agents de l’étranger ».  
  • On peut supposer que cette répression est promise dans la perspective des élections législatives de l’automne prochain. 
  • On peut aussi supposer que B. Ivanichvili estime que pour obtenir la paix il faut laisser la Russie envahir les territoires qu’elle estime siens. 

 

La situation est inquiétante : pour rappel, en mars 2023 des manifestations pro-UE avaient déjà été réprimées violemment. Pourtant, la diplomatie géorgienne avait bien pour mission d’œuvrer en faveur de l’obtention du statut de candidat à l’Union. La question se pose de savoir, maintenant, pour le gouvernement et sa majorité parlementaire, ce qu’il y a d’intéressant à être candidat à l’UE mais de ne pas manifester son soutien à l’UE.