Le Portugal a longtemps défié la tendance politique européenne à la montée de l’extrême droite. Mais ça c’était avant que “Chega” (Assez!) entre en scène en 2019. Fortement développé sur les réseaux sociaux, ultra personnalisé et centré autour de la figure d’André Ventura, commentateur sportif et ancien membre du parti de centre-droit (PSD), ce nouveau venu à l’extrême droite synthétise les nouvelles formes de radicalité droitière à la mode. Discours antiféministes, anti woke, anti immigration, et sceptiques sur l’écologie, les droits des minorités pour ne citer que ces cas, dans un style pamphlétaire et un langage réactionnaire décomplexé qui dénonce la trahison des responsables politiques et les injustices sociales.
- La recette réussie de ces nouveaux mouvements ou anciens partis, capitalisant sur l’exploitation populiste des ressentiment populaires, des leaders charismatiques, très habiles sur les réseaux sociaux et dans la posture confortable de n’avoir à assumer aucun bilan de gouvernement des décennies de crise passées.
- L’immigration, qui n’avait jamais été un problème au Portugal par le passé, l’est devenue ces dernières années, en parallèle d’une flambée des prix de l’immobilier causée par l’arrivée de retraités ou des nomades numériques de toute l’Europe.
- Comme dans les autres pays européens, ce discours attire en outre fortement les jeunes électeurs, surtout masculins comme le souligne cette enquête très approfondie de The Economist.
- Cette radicalisation à droite est générale à toute l’UE (cf. EIH 29/1/24 et 3/12/23, ou ce pointage par Euractiv ).
- Toutefois, deux tendances rivalisent au sein de cette poussée, partagée entre deux groupes au Parlement européen (ID vs. ECR).
- A Florence à la fin de l’année 2023, le groupe ID a lancé sa campagne européenne en grandes pompes, entre grands partis d’opposition en quête de respectabilité, et formations moins recommandables – cf les excès de l’AfD allemande (cf. EIH 5/2/24), elle aussi sur une forte dynamique qui ternissent les stratégies de dédiabolisation.
- Au Portugal, Marine Le Pen (cheffe de file ID) dont le parti bénéficie d’une forte dynamique en France, est venue consolider ses alliances.
- Avec Chega, le Portugal vient de rejoindre la table de la grande famille européenne d’extrêmes droites.