Depuis l’annonce de leur candidature (cf. EIH 19/5/22) en mai 2022, la Suède et la Finlande ont connu des destinées divergentes. Alors que Helsinki rejoignait l’alliance en avril 2023 la candidature de Stockholm se heurtait à l’hostilité, très calculée, de la Turquie. Ce feuilleton semble être entré dans son dernier épisode, après 18 mois de blocage (cf. EIH 25/6/23).
- Après avoir obtenu des concessions, Ankara a fini par ratifier l’entrée de la Suède le 10 juillet dernier.
- L’accord final répondrait alors « aux préoccupations légitimes de la Turquie en matière de sécurité », notamment concernant l’extradition et la poursuite de membres du PKK
- Le parti des travailleurs kurde est actuellement reconnu comme étant une organisation terroriste au sein de l’Union.
- Il aura fallu modifier la constitution suédoise pour durcir la législation antiterroriste.
- Ce qui finalement s’est vu bien accepté puisque dans un contexte où la Suède se considère comme menacée : elle a relevé son niveau d’alerte durant l’été.
- On relèvera qu’un mois auparavant, un attentat avait été déjoué à Ankara, la veille d’un vote au Parlement turc à ce sujet.
- Ankara a également réussi à obtenir des engagements sur ses demandes d’achat d’avions F-16 de combat, débloqués par le Congrès américain, même si on est encore loin d’un deal, expliquent les spécialistes.
- L’accord prévoit par ailleurs le soutien suédois au processus d’adhésion de la Turquie à l’UE. Une surprise pour un chemin qui semblait pourtant abandonné, en raison du manque d’engagement côté européen.
- D’ailleurs cette mention ravive les tensions. Les Etats membres insistent sur la séparation des processus.
- Abandonnant sa neutralité séculaire, la Suède va donc bénéficier du « parapluie nucléaire américain, de la clause de solidarité de l’Article 5. En contrepartie, elle apporte un renfort stratégique précieux sur la Baltique – une région où les tensions séculaires remontent depuis quelques années, soulignait en 2017 cette discussion entre experts finlandais, suédois et lituaniens.
- Pour Le Point, le géopolitologue Jean-Pierre Maulny rappelle que la guerre en Ukraine a d’ailleurs fait basculer les opinions en faveur de l’entrée dans l’OTAN de 33 à 55 %.
- Jusqu’à ce jour, l’Article 5 n’a été mobilisé qu’une seule fois, consécutivement aux attentats du 11 septembre 2001.
- Au-delà de l’accord d’Ankara, encore à formaliser, il reste à obtenir celui de la Hongrie, dont le Premier ministre bloque toujours le vote. V. Orban espère encore infléchir la position suédoise en faveur du déblocage des fonds européens suspendus à l’état de l’Etat de droit.
- Budapest accuse la Stockholm d’avoir critiqué la démocratie hongroise, dans une lettre publiée par le ministère des affaires étrangères.
- Sur ce point nous relevions, en mars 2023, quelques désaccords entre le gouvernement et le Parlement.
- Le processus devrait trouver sa conclusion avant le prochain conseil des ministres prévu pour les 28 et 29 novembre 2023.
- Cela devrait donc amener V. Orban à désavouer sa proximité avec le Kremlin.