Ukraine, Caucase, et maintenant Levant, avec ce “retour des guerres majeures” le Général Pierre Schill, chef d’Etat major de l’armée de terre française exhorte la France et l’Europe au réarmement, à la fois intellectuel et matériel. Mais rien ne souligne mieux l’impréparation et les difficultés de la politique étrangère européenne que le conflit israélo-palestinien.
- Samedi 7 octobre, 50 ans après le déclenchement de la guerre du Kippour, l’offensive du Hamas a ramené dans l’effroi et le fracas, sur le devant de la scène mondiale, un des plus vieux conflits de l’après Seconde Guerre mondiale.
- Une guerre que les crises successives, la guerre en Ukraine et surtout une sorte de tolérance lasse et tacite pour la politique de contrôle des territoires occupés (vu de Jérusalem, ce serait même l’échec majeur de la stratégie de B. Netanyahu) avaient progressivement relégué à l’arrière-plan de nos consciences.
- « C’est le gouvernement le plus dur qu’Israël ait connu depuis sa création qui se trouve confronté à l’humiliation la plus grande sur le plan de la sécurité », l’offensive est une « humiliation totale » pour le pouvoir israélien estime Dominique Moïsi, sur Franceinfo.
- Le contraste avec le conflit ukrainien est saisissant : l’offensive du Hamas vise femmes, enfants, personnes âgées et semble se vanter de cette barbarie contre des êtres tout à fait innocents. A la recherche du ton et des mots justes, l’Union européenne prend conscience qu’ elle pèse très peu sur le conflit, malgré sa présence financière et politique.
- Elle ne peut être considérée comme un acteur majeur tant qu’elle restera profondément divisée sur l’attitude à adopter dans un conflit où sa mauvaise conscience historique, ses valeurs et ses intérêts sont loin d’être alignés.
- Passé le choc de la terreur devant les récits et les images du carnage causé par le Hamas sur des civils, et l’expression de leur solidarité avec Israël, les Européens s’inquiètent aussi à juste titre de la violence de la réaction militaire israélienne et de ses dérives.
- Une crainte justifiée par les propos guerriers du ministre israélien de la Défense.
- Dans une analyse à chaud, l’ECFR propose une série de recommandations pour une réponse européenne adaptée, et éviter la menace de l’embrasement de la région – une crainte partagée par certains acteurs régionaux majeurs.
- La première suggestion relève du bon sens : veiller à l’équilibre des positions et surtout éviter l’accusation de double standard comme le rappelle d’ailleurs le parti espagnol “Sumar”, membre de la coalition gouvernementale espagnole qui occupe l’actuelle présidence du Conseil de l’UE.
- L’ECFR suggère aussi de travailler aux côtés de l’Égypte et du Qatar pour mettre en garde contre le « ciblage et la détention délibérés d’Israéliens » et d’ouvrir des « canaux humanitaires » pour soutenir les Palestiniens.
- Sur la délicate question de l’aide européenne, l’ECFR suggère le maintien, car sa suppression renforcerait évidemment la mainmise du Hamas sur les populations de Gaza.