Dans un monde où la nature est entièrement arraisonnée, c’est à dire soumise d’avoir une utilité pour l’activité humaine, quelle place laissons-nous à la vie sauvage ? D’après les calculs du professeur Vaclav Smil, les vertébrés sauvages seraient passés en proportion de 97% de la biomasse totale de la terre, il y a 10000 ans, à un insignifiant 2% aujourd’hui. Plus précisément, pour 85% d’animaux domestiques et 13% d’humains. Conclusion : le sauvage ne nous servait à̀ rien, il devait céder la place.
- Le 24 novembre 2022, le Parlement européen avait adopté une résolution sur la protection des élevages de bétail et des grands carnivores en Europe, plaçant à nouveau le loup au centre des débats.
- Pour cause, la prédation de l’animal exercée sur les troupeaux des éleveurs pastoraux engendre de grandes disparités entre les États membres.
- Bénédiction pour certains, crise pour d’autres, l’augmentation du nombre de loups sur le sol européen ne se fait pas sans controverses.
- On constate en Europe une augmentation de plus de 25% de l’aire de répartition des loups, comme un signal positif en faveur du réensauvagementl.
- Cependant, l’évolution sensible des attaques de loups amène à porter à attention à la surveillance, la prévention et l’indemnisation pour les agriculteurs en cas de dommages engendrés par les grands carnivores.
- Manifestation du retour des craintes ancestrales, ou instrumentalisation, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen annonce une possible révision du statut de protection
- Le loup incarnerait un « réel danger pour le bétail et, potentiellement, pour l’Homme », menaçant les populations reformées d’un risque accru d’abattage.
- La révision du statut de protection de l’animal pourrait entraîner la tuerie de 174 loups en 2023 sur les 921 recensés, et ce, rien qu’en France.
- C’est un bras de fer entre éleveurs pastoraux et associations de protection de l’environnement, alors que Bruxelles appelle à la « flexibilité » dans la mise à jour du cadre juridique encadrant la protection du canidé.
- Les communautés scientifiques et toutes les parties intéressées devront soumettre, d’ici le 22 septembre 2023, des données actualisées sur les populations de loups et leur impact.
- Avec la nature comme cheval de bataille des conservateurs, l’évolution du contexte est moins favorable à la protection de la nature.
- Avec le loup en bouc-émissaire, les conservateurs du Parti populaire européen pourraient ainsi se réconcilier avec la présidente de la Commission dont ils avaient tenté de couler la “loi de restauration de la nature”.
- Selon les Echos, le PPE cherche simplement à rallier à sa cause le vote des régions rurales et des professions agricoles.
- Le débat engendre en tout cas une réelle controverse au sein du Parlement où le loup est devenu« un nouvel objet politique pour la droite européenne ».
- Virginijus Sinkevičius, commissaire européen à l’environnement, rappelle que le loup « a toute sa place dans le biotope ouest-européen ».