FRANCIS & CO 

La gauche a ses mythes : le Bon Sauvage, le Grand Soir, l’Europe sociale… A droite, un des mythes le plus tenace est celui de “l’immigration contrôlée”, voire de l’immigration zéro, vieux slogan de Charles Pasqua. Terrorisées par des images de “vagues migratoires submersives” les sociétés européennes n’arrivent pas à relativiser ni la volonté inexorable de ceux qui n’ont plus rien à perdre que la vie dans leur quête d’un monde meilleur, ni la modestie des chiffres, qui ne paraissent si grands que parce qu’ils sont concentrés sur de petits territoires.  

  • Ceci choque les conservateurs et confusionne les catholiques conservateurs. 
  • La question migratoire complique les relations extérieures et les équilibres internes de l’UE, comme le détaille cet article du Grand Continent. 
  • La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a proposé le 17 septembre 2023, un plan d’urgence pour aider l’Italie face à la situation migratoire actuelle : 
  • accélération de l’aide financière à la Tunisie dont un certain nombre de ces migrants sont originaires ; 
  • renforcement de l’agence Frontex afin d’assurer le bon déroulement du processus d’enregistrement et d’indentification des migrants ;  
  • cette dernière devra également « étudier les options pour étendre ses missions navales en Méditerranée » ; 
  • facilitation du transfert des migrants arrivés à Lampedusa vers l’Italie et d’autres pays européen mais également l’ouverture du dialogue avec les pays tiers en vue de la réadmission de leurs citoyens ; 
  • mise en pratique d’opérations de sensibilisation ayant pour finalité de dissuader les traversées de la Méditerranée tout en favorisant les voies légales d’immigration.   

 

  • Prise entre ses convictions souverainistes et l’appel à des solutions européennes, la Première ministre italienne se retrouve dans une position inconfortable :  
  • Le FDP, parti libéral membre de la coalition à Berlin, a déclaré bloquer toute volonté ou tentative de transfert des réfugiés de Lampedusa vers le pays de « l’Outre-Rhin », mettant en tension la solidarité européenne. 
  • La Hongrie et la Pologne sont également réfractaires à tout mécanisme de solidarité. 
  • Paris promet de « « renforcer la coopération au niveau européen pour trouver des solutions efficaces, immédiates et de plus long terme à cette crise ».  
  • Damien Carême, député européen (FR-Verts/ALE), appelle dans un entretien avec Franceinfo, à une solidarité envers les pays frontaliers au risque de provoquer des drames humanitaires énormes.  

 

  • Au cœur de tous ces désaccords, se trouve l’inexistante politique migratoire de l’Union.  
  • Les nombreux accords avec des pays tiers (cf. EIH précédentes) mettent l’UE à la merci de dirigeants peu scrupuleux, d’autant plus qu’ils soulèvent des inquiétudes quant au respect des droits fondamentaux.  
  • Le Règlement Dublin III, entrainant un système inégalitaire envers les États membres situés aux frontières extérieures de l’Union, est également grande source de critiques.  
  • Le pacte immigration en préparation, présenté en septembre 2020, ne semble pas améliorer la situation pour les pays touchés par le « first-entry criterion » ni introduire un mécanisme permettant la relocalisation des migrants et demandeurs d’asile.  
  • La réforme est loin d’être acquise et devrait traîner jusqu’en 2024 au moins, sous présidence belge et à la veille des élections européennes. 
  • En effet, le caractère « flexible » du « mécanisme de solidarité » prévu par le pacte sur la migration et l’asile n’allège pas la charge pour les pays de première arrivée.  

 

  • L’Europe dresse les murs de sa forteresse, sans parvenir à empêcher les plus déterminés d’y entrer. 
  • N’oublions pas que la plupart d’entre eux ont payé très cher leur voyage : les dessous de table versés aux représentants ouvrant le droit à des passe-droit sont financés par les migrants, eux-mêmes. 
  • Les moins fortunés payent leur droit de passage par des procédés bien plus traumatisants. 
  • A voguer au gré des paniques morales de conservateurs vieillissants et d’opinions publiques chauffées par les éditorialistes populistes, cette absence de politique migratoire européenne, symbolisée par des réactions au coup par coup, n’en a pas fini d’avoir faux sur toute la ligne.