CAUCASSE

Il fut un temps où la fonctionnalité de l’économie de marché était le critère de Copenhague le plus scruté. Mais ça, c’était avant. Alors que son maintien et sa défense sont devenus des enjeux cruciaux pour l’avenir de l’UE, plus que jamais la voie européenne passe par l’établissement d’un État de droit robuste dans les institutions et la culture juridique des pays candidats.

  • Cette année 2023 est cruciale pour la Géorgie, rappelle la Fondation Schuman, car les membres de l’Union européenne (UE) décideront d’accorder ou non à l’ancienne république soviétique le statut de pays candidat.
    • Un verdict très attendu par les 3,7 millions de Géorgiens, dont plus de 80% souhaitent rejoindre la communauté européenne.
    • Ce désir d’Europe s’est développé au cours des deux derniers siècles, alimenté par la lutte contre les projets impérialistes russes et les pertes territoriales subies par la Géorgie.
    • La vision spécifique de l’Europe varie selon les Géorgiens :
      • certains mettent l’accent sur les droits fondamentaux et les valeurs libérales ;
      • d’autres l’associent au bien-être matériel grâce à l’État de droit et à l’absence de corruption :
      • et une minorité la considère comme une terre chrétienne.
    • La décision du parti de demander l’adhésion à l’UE en 2022 a été motivée par la crainte d’être laissé seul face à une Russie de plus en plus agressive.

  • Le 21 juin 2023, la Commission européenne a présenté un rapport oral intermédiaire sur les réformes entreprises par la Géorgie, l’Ukraine et la Moldavie dans leur quête d’adhésion à l’Union européenne.
    • Selon Tinatin Japaridze, analyste à Eurasia Group, le rapport indique que la Géorgie n’a progressé que dans trois des douze conditions préalables obligatoires à la candidature à l’UE.
      • En particulier dans les domaines liés à l’égalité des sexes et à la mise en place de défenseurs publics.
    • Il n’est pas certain que la Géorgie obtienne le statut de candidat avant la fin de l’année.
      • Les messages contradictoires du gouvernement et les sentiments pro-occidentaux de la population continuent de brouiller les pistes.
      • Le parti « Rêve géorgien », dirigé par l’oligarque Bidzina Ivanichvili et sur le modèle de Moscou, entretient l’ambiguïté sur ses priorités réelles, ce qui a conduit au refus du statut de candidat en juin 2022.

  • Les questions relatives à l’évolution de l’État de droit en Géorgie sont illustrées par Irakli Kobakhidze, président du parti Rêve géorgien, qui a exprimé sa ferme opposition à ladite « propagande LGBT» auprès des enfants.
    • L’avocat Ted Jonas critique ces tactiques de peur utilisées en Géorgie pour diminuer le soutien du public à l’adhésion à l’UE.
    • Le gouvernement géorgien utiliserait cette tactique pour justifier le fait que le pays n’a pas reçu le statut de candidat à l’UE.
      • Cette tactique est comparée à celles employées par la Russie et d’autres régimes illibéraux, dont la Hongrie.

 

  • Malgré l’attitude ambiguë et hostile de ce gouvernement, la Géorgie est un des premiers pays de la région à avoir dépénalisé l’homosexualité.
    • Elle dispose en outre d’une législation protégeant les droits des homosexuels, même si elle n’est pas appliquée de manière efficace.
    • La candidature à l’UE ne requiert que des lois antidiscriminatoires et leur application.

  • Finalement, ce dilemme constitue aussi un défi politique pour l’UE.
    • L’octroi du statut de candidat récompenserait et renforcerait un gouvernement susceptible de poursuivre sa politique anti-occidentale.
    • Cependant son refus pourrait entraîner de graves troubles populaires et potentiellement déstabiliser la sécurité d’un pays dans l’espace frontière entre UE et Russie.
    • Malgré l’incertitude qui règne, l’élargissement de l’UE suscite un élan politique et un sentiment d’urgence, et des espoirs subsistent pour l’avenir de la Géorgie.