En avril 2023, l’Union européenne reste un acteur de second plan dans les préoccupations de la presse russe, qui la dépeint comme un satellite des États-Unis et/ou de l’OTAN.
- Elle fait partie intégrante de ce que les discours russes nomment « l’Occident collectif » et entre dans la catégorie des adversaires stratégiques désignés.
- Il faut cependant également noter une ambition russe de gagner ce qui est représenté comme une bataille d’influence avec les États-Unis sur les États constitutifs de l’Union européenne.
- Par le soutien aux partis d’extrême-droite et plus rarement, en fonction du contexte local, d’extrême-gauche.
- Un point particulier est porté au succès du discours russe sur la sauvegarde des « valeurs traditionnelles » et de la « civilisation européenne en déclin » chez certains représentants européens.
- Il faut cependant également noter une ambition russe de gagner ce qui est représenté comme une bataille d’influence avec les États-Unis sur les États constitutifs de l’Union européenne.
- Les récits présentés à la population russe au sujet de l’UE, au cours du mois d’avril, avaient globalement trois objectifs :
- décrédibiliser l’aide à l’Ukraine et les sanctions contre la Russie ;
- présenter la Russie en situation de supériorité par rapport à l’Union ;
- et décrédibiliser l’Union européenne en tant que structure.
- Au sujet de la première thématique, RIA Novosti écrivait ainsi récemment qu’il ne restait « plus de sanctions » à l’Union européenne pour renforcer les mesures punitives à l’encontre de la Russie.
- Élargir encore les sanctions serait perçu négativement même par les pays les plus farouchement critiques de la Russie.
- De plus, et les effets ne seraient que limités sans la participation d’États comme la Chine ou l’Inde.
- En ce qui concerne l’aide à l’Ukraine, News Front a publié un article citant le vice-président grec pour affirmer que des inquiétudes existent au sein même de l’Union européenne quant au détournement de l’aide financière de la Commission européenne.
- Cette corruption concerne à la fois des représentants corrompus en Ukraine et des fonctionnaires de l’Union elle-même.
- De son côté, le média Lenta soulignait l’existence de manifestations d’agriculteurs des pays européens voisins de l’Ukraine pour protester contre les accords facilitant l’export de céréales ukrainiennes, qui aurait « détruit » le secteur agricole local.
- Le média affirme que cette question pourrait faire « exploser » le soutien européen à l’Ukraine.
- Au sujet de la prétendue supériorité de la Russie par rapport à l’Union européenne, des récits au sujet de son affaiblissement à cause de ses propres sanctions ont été repris par TASS ou encore Tsargrad.
- Le vice-Premier ministre Alexander Novak a « nommé les avantages concurrentiels de la Russie par rapport à l’Union européenne » sur la chaîne de télévision Rossiya-1.
- Les entreprises russes comme la population bénéficieraient ainsi des ressources naturelles de la Russie, qui leur permettrait de conserver des prix bas dans le domaine énergétique et donc de résister aux sanctions.
- Les entreprises européennes seraient de moins en moins concurrentielles et les populations européennes seraient de plus en plus précaires.
NB : Par presse russe non-indépendante, il est ici entendu les titres que les citoyens russes peuvent lire dans les conditions actuelles de censure de la parole médiatique sur le net. Le choix a été fait de réaliser les observations à l’aide du portail Dzen News, équivalent russe de Google News qui a été racheté par le réseau social VK, lui-même possession du groupe Gazprom Media et connu pour être contrôlé à un certain degré par l’État. On notera d’ailleurs que Gazprom Media est actuellement dirigé par Alexandre Zharov, ancien directeur de Roskomnadzor, l’institution responsable de la censure d’internet en Russie. Les sources étudiées excluent donc les médias indépendants bloqués en Russie tels que Meduza ou The Insider ainsi que la presse étrangère en langue russe telle que la BBC ou RFI et comprennent donc :
- les agences étatiques telles que TASS ou RIA Novosti ;
- les médias indirectement liés à l’État, notamment au ministère de la Défense, tels que Zvezda News ;
- les médias appartenant à des acteurs privés tels que les membres du groupe Mediapatriot (Evgueni Prigozhin) ou Tsargrad (Konstantin Malofeev) ;
- la presse « mainstream » plus ou moins complaisante envers l’État telle que Rossiyskaya Gazeta ou Kommersant ;
- les éditions régionales, dont la présence est cependant plus occasionnelle.