Dimanche 14 mai, la Turquie organise des élections présidentielle et législatives qui pourraient s’avérer décisives. R.T. Erdogan est confronté pour la première fois à une menace sérieuse par Kemal Kilicdaroglu et son bloc d’opposition.
- Avec le retrait de l’outsider d’opposition, Muharrem Ince du Memleket Partisi, trois jours avant le scrutin pour de supposées raisons de santé, analystes et sondages font état d’un léger avantage pour le leader social-démocrate du Parti républicain du peuple.
- Ceci pourrait ainsi évincer R.T. Erdogan et marquer une nouvelle ère pour la Turquie.
- À l’approche du scrutin, le président Erdogan n’a pas hésité à adopter un ton plus agressif à l’égard de l’opposition.
- Il se présente au-delà comme le seul leader capable de mener la Turquie vers l’autosuffisance, notamment en matière d’énergie.
- Cependant, les promesses d’autonomie énergétique, et l’annonce récente de la gratuité du gaz naturel pour les ménages pendant un an, suscitent des doutes.
- Selon certains analystes ce discours sur l’indépendance énergétique serait une couverture pour la dépendance croissante de la Turquie à l’égard de la Russie pour le gaz.
- Ceci pourrait permettre à Moscou de blanchir et de ré-étiqueter son gaz comme étant turc, contournant ainsi les sanctions européennes.
- Depuis l’introduction du scrutin présidentiel uninominal direct à un tour en 2017, R.T. Erdogan n’a, en fait, été élu au suffrage universel direct qu’une seule fois en 2018.
- Pour ce second scrutin rien ne dit que la victoire sera aussi nette.
- C’est peut-être ainsi que l’on peut comprendre la multiplication des « cadeaux » :
- Doublement du salaire des fonctionnaires après avoir annoncé plus tôt une augmentation de 45 % pour les employés du service public.
- Avant 2018, R.T. Erdogan avait été élu Président de la République au suffrage universel indirect.
- La Turquie était jusqu’à peu un Etat de tradition parlementariste, le retour à ce modèle l’une des promesses des partis d’opposition.
- Même si aucun des deux candidats ne franchit le seuil des 50 %, un second tour sera organisé le 28 mai.
- Cela donnerait à R.T. Erdogan plus de temps pour montrer ses compétences en matière de campagne et aux campagnes de désinformation de continuer à perturber la course.
- Cela semble se confirmer durant la nuit du 14 au 15 mai.
- Pour ce second scrutin rien ne dit que la victoire sera aussi nette.
- Dans sa chronique du 12 mai, Pierre Haski revient sur les enjeux géopolitiques de cette élection pour les occidentaux.
- Une défaite du Président Erdogan face au candidat d’une coalition d’opposition, Kemal Kilicdaroglu, réjouirait tous ceux que le dirigeant turc a offensés ou raillés.
- Ceux compris au sein de l’OTAN dont la Turquie est membre.
- « Mais attention à ne pas l’enterrer trop vite », rappelle l’éditorialiste.
- À ce propos, le European Council on Foreign Relations publie une analyse sur la façon dont l’UE et l’Occident en général devraient agir diplomatiquement avec la Turquie pendant et juste après cette période électorale.
- C’est surtout en cas de contestation des élections dans les jours suivant le 14 mai 2023 que les États-Unis et l’Union européenne pourraient avoir un rôle de modérateurs à jouer.
- Ceci pour réitérer la nécessité d’un processus ordonné et déplorer toute violence, sans toutefois intervenir.
- Un gouvernement formé par l’opposition actuelle devra relever de nombreux défis diplomatiques et économiques.
- Le rétablissement des liens altérés entre la Turquie et ses partenaires occidentaux devrait commencer en Europe.
- En particulier sous la forme d’une réanimation des négociations d’adhésion avec l’UE, aujourd’hui au point mort.
- La Turquie devra de son côté montrer qu’elle est prête à accepter les normes de l’UE dans un certain nombre de domaines, notamment les droits de l’Homme, l’État de droit et la bonne gouvernance.
- Si la Turquie peut montrer qu’elle a progressé sur ces fronts, l’UE pourra répondre concrètement en supprimant les visas et en ouvrant d’autres chapitres d’adhésion.
- Une défaite du Président Erdogan face au candidat d’une coalition d’opposition, Kemal Kilicdaroglu, réjouirait tous ceux que le dirigeant turc a offensés ou raillés.