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Pendant que la France et ses alliés misent sur la décarbonation par le nucléaire, nombreux sont ceux qui s’inquiètent que la décarbonation de nos énergies ne suffise pas à faire prendre conscience de la nécessité d’un changement plus profond dans nos pratiques économiques – de la production à la consommation, c’est tout le paradigme de la croissance que bouleverse la transformation écologique.

• Écologie ou économie, faudrait-il choisir? Dans son annonce du Green Deal en 2019, la Commission européenne affirmait vouloir « découpler» la croissance et les émissions de carbone.
  • Toutefois, en luttant contre le changement climatique et la dégradation de l’environnement, cette exigence est en train de remodeler les sociétés et les économies du monde entier.
    • Certains craignent que cette transition ne suive une voie similaire, axée sur la croissance, qui met à rude épreuve les limites de la planète.

• Pour le Green European Journal, Olivia Lazard, chercheuse spécialisée dans la géopolitique des futurs perturbés par le climat, souligne l’aspect matériel de la transition verte de l’Europe.
  • Alors qu’il a été question de découpler les activités économiques des émissions de gaz à effet de serre, O. Lazard affirme que le découplage à long terme est un défi.
    • Les affirmations de l’UE en matière de découplage sont en partie dues à l’externalisation d’activités à forte intensité matérielle vers des pays extérieurs à l’UE.
  • En outre, la notion de dématérialisation par le biais de la numérisation apparaît fantaisiste, car l’infrastructure numérique nécessite d’importantes ressources physiques.
    • Cela peut empiéter sur les écosystèmes.

• Le lien entre la croissance, l’extraction et les conflits est également étudié.
  • Lazard explique que les économies à forte consommation d’énergie, comme l’UE, dépendent de l’extraction.
    • Elles en externalisent souvent les coûts vers d’autres économies.
  • L’extraction est souvent associée à la violence, à la corruption et aux flux financiers illicites.
    • Or, les outils réglementaires ne suffisent pas à eux seuls à résoudre ces problèmes.

• Pour transformer les économies extractives, il est nécessaire de procéder à des investissements systémiques et de remédier aux faiblesses des systèmes économiques, écologiques, sociaux et financiers, ainsi que de la gouvernance.
  • Lazard insiste sur la nécessité d’évoluer vers une relation avec les systèmes naturels fondée sur la régénération et la réciprocité.
    • Il convient de s’inspirer des communautés indigènes qui comprennent et pratiquent depuis longtemps la gestion des systèmes naturels vivants.
  • Cependant, la transition vers une telle relation pose des défis, notamment en termes de maintien des filets de sécurité sociale, de prise en compte des compromis et de gestion des complexités géopolitiques.

• En résumé, la transition verte est confrontée à des défis liés à la demande de matériaux, à l’interaction entre la croissance et l’extraction, et à la nécessité de passer à des systèmes régénératifs.
  • L’article souligne l’importance de prendre en compte le contexte mondial, les implications géopolitiques et les transformations systémiques nécessaires pour un avenir durable et équitable.
  • Le mouvement de décroissance est présenté comme une alternative potentielle, mais sa faisabilité et son impact dans le cadre d’une économie et d’un environnement régénérateurs restent des questions ouvertes.
  • La coopération mondiale et la reconnaissance des perturbations climatiques comme des défis urgents et partagés sont considérées comme cruciales pour aborder ces questions complexes.
• C’est ce que la grande conférence « Au-delà de la croissance » a exploré en début de semaine dernière.
  • Oecuménique et transpartisane, tenue sous le patronage de la présidente de la Commission U. von der Leyen, la conférence Beyond Growth a réuni au Parlement européen des milliers de participants.
    • Ce y compris, une 60aine d’organisations et 5 groupes politiques du Parlement, dessinant aussi bien les clivages que les convergences majoritaires.