La journaliste Marion Van Renterghem, dans une analyse pour le New European, soutient que le Brexit, en plus de nuire au Royaume-Uni, a conduit à la brouille entre la France et de l’Allemagne, en déportant l’équilibre des pouvoirs au sein de l’Union européenne vers l’Est, éloignant le centre de gravité de l’UE de la France et laissant à l’Allemagne le rôle de puissance centrale, médiatrice et décisionnaire au sein de l’Union.
- Historiquement et économiquement, l’Allemagne entretient des liens plus forts avec les pays scandinaves et les pays d’Europe centrale et orientale.
- Cette tendance est accentuée par la guerre en Ukraine, qui a déplacé l’objectif encore un peu plus vers l’Est et accru l’attention pour les Balkans, dont l’adhésion était déjà fortement soutenue par Angela Merkel.
- Les évolutions géopolitiques ont déstabilisé cette supposée ère de prospérité pour l’Allemagne.
- Dépendant des États-Unis pour la défense, de la Russie pour l’énergie et de la Chine pour le commerce, les certitudes allemandes doivent maintenant se confronter à leur remise en cause par la résurgence potentielle de l’isolement trumpiste et le révisionnisme de l’ordre mondial mené par les présidents Poutine et Xi Jinping.
- Selon Marion Van Renterghem, le début de la chute actuelle de l’Allemagne est lié à son refus de développer l’énergie nucléaire, menant à la crise actuelle d’autonomie stratégique énergétique.
- Cette dépendance et l’incapacité à condamner l’annexion de la Crimée en 2014 ont envenimé les relations avec l’Ukraine.
- Au-delà de la question énergétique, les tentatives de l’Allemagne de commencer à construire une politique d’autonomie stratégique ont nui à la coopération franco-allemande en raison de la décision du chancelier Scholz de s’approvisionner en matériel militaire auprès des États-Unis.
- La défense d’un projet de défense antimissile n’incluant pas la France ne va pas dans le sens d’une solidarité européenne.
- Envieuse et complexée vis à vis du puissant partenaire et de ses réussites économiques, selon Marion Van Renterghem, la France a sa part de responsabilité dans la mésentente.
- Au-delà des explications tenant aux responsabilités des uns et des autres, il convient de souligner que les reculs de la coopération franco-allemande, sont dangereux.
- L’annulation du sommet du Conseil des ministres franco-allemand du 26 octobre 2022 est un mauvais signe.
- La vente de 25% du port de Hambourg au groupe chinois Cosco ainsi que le voyage du chancelier Sholz – seul – en Chine rendent plus aigüe encore la brouille.