TRIBUTE TO MANU CHAO

Publié le 6 octobre dernier dans une Communication de la Commission européenne, le rapport européen sur la migration et l’asile fait le point sur les flux migratoires en 2022 à la suite des bouleversements provoqués par la guerre en Ukraine et les troubles aux frontières de l’UE.

  • Selon cette étude, on compte environ 120 000 arrivées irrégulières sur toute la Méditerranée.
    • Les flux migratoires augmentent et particulièrement en Méditerranée centrale, route très fréquentée par les Tunisiens, les Egyptiens et les Bangladais.
      • Certains mouvements migratoires cette année sont une transition directe entre le Liban et l’Italie sans passer par la Turquie.
      • Chypre concentre 60% des arrivées irrégulières.

  • C’est dans ce contexte relativement tendu, encore plus crispé par la montée générale des partis d’extrême droite en Europe (de l’Italie à la Suède, sans oublier la France) que le législateur européen (Parlement et Conseil) poursuivent les discussions sur le « pacte d’asile et de migration » dont l’application est prévue pour 2024.

  • Particulièrement factuel et précautionneux quant à l’action de l’UE sur le sujet, le rapport rappelle que :
    • trois agences européennes sont chargées d’aider les États à accueillir les migrants et à gérer les arrivées irrégulières.
      • Europol, soutenant neuf États membres ainsi que la Moldavie, nouvellement candidate, permet une gestion sécurisée des mouvements migratoires ;
      • Frontex déploie des équipes et du matériel aux frontières. Elle a coordonné 210 opérations de retour.
      • L’agence de l’Union européenne pour l’asile déploie mille experts afin de répondre aux besoins de douze États membres.

  • L’Union européenne apporte son aide financière :
    • aux pays du Sud, comme la Grèce, qui nécessitent des centres d’accueil sur cinq îles ;
    • le mécanisme européen de protection civile, mis en œuvre en septembre 2022 en Ukraine, devient la plus grande opération jamais menée : 68 500 tonnes d’aide, 300 générateurs et du combustible.
  • L’UE offre une législation de protection temporaire, bénéficiée par quatre millions de personnes, procurant des droits d’hébergement, d’éducation, de santé et d’accès au travail.

Cette image de fermeté tempérée par la justice est mise en cause par de nombreux observateurs.

  • L’agence de surveillance des frontières Frontex est accusée par le Parlement européen d’avoir dissimulé et participé à des refoulements – contraires à la Convention de Genève donc – de migrants par les garde-côtes grecs en mer Egée.
    • C’est la raison pour laquelle les eurodéputés ont refusé de voter la décharge budgétaire de 2020 en signe de protestation – comme le rappelle Saskia Bricmont (BE-Verts).
    • Les eurodéputés dénoncent en outre le manque de coopération de l’agence Frontex avec les autres institutions et agences de l’UE.
      • Plusieurs enquêtes sur l’agence, depuis 2020, et particulièrement l’enquête de l’Office européen de la lutte contre la fraude qui visait les membres de l’exécutif, avaient entraîné la démission du patron français Fabrice Leggeri.
    • Le budget de Frontex s’élevait à 360 millions en 2020 et s’élève à 750 millions en 2022, soit le plus gros des agences de l’Union européenne.