GOOD GENES, REALLY ?

L’illibéralisme de Orban est-il un héritage culturel comme le voudraient les essentialistes de la nation et le Premier ministre hongrois lui-même, ou une création artificielle ?

  • Pour Visegrad Insight, Martin Ehl revient sur les arguments de l’analyste polonais Dominik Héjj dans son dernier livre, Hungary Reimagined où celui-ci analyse la transformation de l’identité nationale hongroise par V. Orban.
    • Dans l’analyse, Ehl souligne la convergence des trajectoires politiques entre Hongrie, Pologne et République tchèque.
    • Toutefois, on y trouve des nuances : Orban se présente comme le défenseur du christianisme en Europe, ce qui est moins directement instrumentalisé par les conservateurs polonais.
  • Dans son livre Dominik Héjj rappelle les méthodes par lesquelles le gouvernement hongrois manipule son opinion publique avec un succès que la Pologne ou la République tchèque sont actuellement incapables de reproduire :
    • manipulation des symboles nationaux ;
    • récit historique victimaire et obsessionnel (traité de Trianon de 1920) ;
    • déclarations répétées de responsables gouvernementaux, soutenues ensuite par des think tanks et des agences contrôlés par le gouvernement, produisant ainsi un récit médiatique d’accord parfait entre le gouvernement et le public.
  • Héjj examine également le passage du libéralisme d’Orban des années 1990 à sa stratégie électorale consistant à cultiver un soutien ancré dans le ressentiment historique, le séparatisme linguistique et la manipulation du discours public – en rejetant sur des forces externes la responsabilité de l’état actuel de la Hongrie.
    • Le livre de la journaliste Amélie Poinssot, Dans la tête de Viktor Orban constitue une utile lecture complémentaire pour comprendre cette trajectoire au pouvoir.
    • Comme le soulignait l’ancien dissident coréen Kim Dae Jung, devenu président, à propos de la supposée incompatibilité entre valeurs asiatiques et démocratie : la culture n’est pas une fatalité.
      • L’illibéralisme de l’Europe centrale non plus.
      • Les habitudes s’acquièrent et se perdent.