VENI VIDI VUCIC 

L’interdiction de l’EuroPride, un temps envisagée, s’inscrit dans la dérive illibérale à l’œuvre en Serbie. Affirmée clairement l’année dernière au moment du 4e sommet de la démographie en Hongrie, où A. Vucic avait par exemple rejoint le courant décliniste inquiet du recul démographique de l’occident chrétien, considéré comme une conséquence du « marxisme politique libéral », cette tendance constitue une rupture.   Auparavant, A. Vucic se présentait comme un libéral et s’était même opposé à V. Orban au sujet de l’accueil des migrants au plus fort de la crise de 2015.

  • Cette évolution  illibérale peut aussi s’expliquer par l’impuissance et les impasses politiques du processus de négociation de la  proposition de partition du Kosovo.
  • Ce sujet a même récemment provoqué des tensions entre la Serbie et la Russie, pourtant très proches, car le discours irrédentiste de Poutine semblait légitimer sa prise de contrôle de l’Ukraine en justifiant le mouvement d’indépendance des Kosovars.
  • À propos de la Crimée en 2014, Poutine avait ainsi déclaré “avoir agi  pratiquement de la même manière que les habitants du Kosovo ; ils ont pris une décision d’indépendance » et que « les républiques du Donbass, la République populaire de Donetsk et la République populaire de Lougansk, peuvent jouir du même droit, sans demander la permission du gouvernement central de l’Ukraine et déclarer leur souveraineté, puisque le précédent a été créé ».
    • Les médias serbes ont alors titré que « Poutine poignarde la Serbie dans le dos, et échange le Kosovo contre Bonas ».
  • L’autre raison pour expliquer la dérive se trouveraient dans le ralentissement des négociations d’adhésion à l’UE en raison des préoccupations relatives à l’État de droit qui aurait dissuadé la Serbie de maintenir une façade libérale, dont les bénéfices politiques semblaient s’éloigner.
  • Enfin, la crise sanitaire a renforcé ce sentiment, avec un sentiment que l’UE laissait tomber la Serbie dès les premiers stades de la pandémie.
    • Ceci aurait donc motivé à conduire un changement d’alliance avec V. Orban et l’ex-premier ministre slovène J. Jansa.