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La guerre énergétique que mène actuellement la Russie contre l’Europe fait courir à l’Union européenne le risque d’une crise économique majeure. Les analystes préconisent différentes mesures pour réduire l’impact des restrictions russes tout en favorisant l’indépendance énergétique durable des investissements.

  • Selon le rapport de Bruegel sur la crise énergétique, les stratégies actuelles adoptées par les différents États membres de l’Union européenne sont à revoir.
    • Elles manquent de coordination, risquent d’éroder la confiance dans le marché de l’énergie et d’affaiblir ainsi la volonté d’investir dans l’énergie durable.
      • Tout ceci laisse l’Europe en proie à la stratégie russe.
    • Bruegel propose un « grand energy bargain » reposant sur quatre piliers :
      • i) la mise en avant de toutes les possibilités de flexibilité de l’offre d’énergie au sein de l’UE,
      • ii) la réduction globale de la demande de gaz dans chaque État membre,
      • iii) la garantie des flux transfrontaliers au sein du marché européen de l’énergie et
      • iv) la mise en place de politiques visant à protéger les consommateurs les plus vulnérables.
  • Ces recommandations font écho aux déclarations de la ministre espagnole de la transition écologique, Teresa Ribera.
  • Des politiques de réduction de la demande de gaz de 15% ont été proposées par la Commission européenne – Bruegel recommande qu’elles soient équitablement entre les États membres.
    • Avec la nécessité de reconstituer les stocks de gaz avant l’arrivée de l’hiver, une réduction de la demande de gaz de 3% en Italie et une circulation plus libre de ce gaz vers l’Autriche auraient pu laisser cette dernière avec un stock de 80% de gaz contre 63% actuellement.
    • Au-delà des impératifs stratégiques en temps de guerre, l’adoption de telles politiques au niveau européen est nécessaire pour assurer la sauvegarde de la transition verte.
      • Le marché de l’énergie repose sur la fourniture d’électricité à faible coût aux voisins en période d’abondance, ce qui réduit la nécessité d’exploiter des centrales électriques plus polluantes et plus coûteuses tout en augmentant le bien-être général.
      • La solvabilité, la liquidité et la confiance dans le marché deviennent un problème car les pays qui importent de l’électricité à des prix modestes, comme l’Espagne, voient maintenant leurs voisins, comme la France, faire monter les prix à des niveaux extrêmement élevés.
      • Le plafonnement des prix mis en place par l’Espagne a fait baisser la capacité moyenne de transfert entre la France et l’Espagne de 30 %, entraînant une fragmentation du marché européen de l’électricité.
    • Bruegel s’oppose donc à la mise en œuvre de politiques de distorsion des prix et de stratégies de subventionnement non coordonnées, car elles entraîneront en fin de compte une augmentation du prix global de l’électricité et éroderont la confiance dans le marché européen de l’électricité, affaiblissant ainsi les arguments en faveur des investissements dans les énergies renouvelables.
      • Il conviendrait d’envisager la création d’un fonds commun d’approvisionnement afin de réduire le risque que l’unité de l’UE soit sapée par la concurrence pour des ressources limitées.
      • En outre, les politiques de revenus (compensation monétaire versée aux consommateurs) devraient être privilégiées par rapport aux politiques de prix (ciblant directement le prix final de l’énergie), en mettant l’accent sur les ménages vulnérables. Cela contribuera à maintenir la paix sociale tout en empêchant la demande globale de s’effondrer.