RISK

Il y a quelques semaines la Russie a accusé la Lituanie d’avoir interdit le transit de marchandises à Kaliningrad. Selon Le Grand Continent, plusieurs quotidiens occidentaux ont fait l’erreur d’informer les lecteurs que la Lituanie avait interdit l’exportation et l’importation des marchandises, voire toutes les marchandises.

  • Il n’y a que deux types de produits qui ne transitent plus : l’acier et le fer et ces derniers font partie du sixième paquet de sanctions introduit par l’Union européenne.
    • Selon l’ancienne ministre de la défense lituanienne, Rasa Juknevičienė, la dispute entre la Russie et la Lituanie pourrait être réglée à travers l’OTAN, étant donné que la Suède et la Finlande deviendront membres.
    • L’enclave de Kaliningrad et le corridor de Suwalki, qui la relie Kaliningrad à travers la Pologne serait ainsi bordés par une mer Baltique devenue « mer de l’OTAN ».
      • Le Kremlin ne pourrait plus menacer cette région.
  • Avec cette nouvelle donne géopolitique, la région prendrait une valeur militaire stratégique, car il devient plus simple d’y déployer les troupes alliées ou d’y établir une défense aérienne.
    • D’ailleurs, selon Rasa Juknevičienė, ancienne ministre puis Présidente de l’assemblée parlementaire de l’OTAN, la tentative de détourner l’attention sur la Lituanie serait une stratégie de désescalade très commune des Russes.
      • Cette approche qui mobilise les médias russes et la menace d’attaques nucléaires également contre le Royaume-Uni, servirait à Moscou pour peser dans les négociations de sortie d’un conflit qu’ils peinent à gagner
  • Vilnius aurait reçu un document, de la part de l’UE, reprenant les conditions dictées par la Russie.
    • Selon Rasa Juknevičienė, ni la Lituanie ni l’Union européenne ne devraient accepter les exigences russes au risque de faire preuve de faiblesse (voir EIH), ce qui permettrait à Poutine d’enclencher une nouvelle escalade.
    • L’UE jusqu’ici a montré un front uni dans la guerre en Ukraine, mais l’ancienne ministre de la défense lituanienne accuse Bruxelles et certains États membres de « naïveté » à l’égard de la Russie.
      • Elle rappelle l’affaire des Mistral qui avait impliqué la France.
      • La vente de deux porte-hélicoptères Mistral en 2011, annulée par l’ancien Président Hollande, avait déstabilisé les pays Baltes en phase de démilitarisation russe de cette époque-là.
      • Selon Rasa Juknevičienė, la Russie a commencé à préparer la guerre dès 2010.
  • Difficile de faire la part des choses dans cette stratégie de la tension, mais une certitude reste : l’agression russe sur l’Ukraine nous a rappelé que nos partenaires d’Europe centrale et baltique ont des raisons historiques réelles de se méfier des mouvements de leur puissant voisin. On comprend qu’ils dorment un peu plus mal depuis le 24 février.

Dans ce contexte, la coopération entre alliés et l’abandon du matériel de fabrication russe revêt une importance stratégique. Ainsi, à partir de septembre, la République Tchèque aidera la Slovaquie à assurer la sécurité de son espace aérien.

Enfin, au sommet de l’OTAN de la semaine dernière à Madrid, la Chine a fait l’objet de discussions poussées.

  • Mercredi 29 juin, l’Alliance a désigné Pékin comme « un défi » aux valeurs et intérêts des pays membres.
    • Le document de « concept stratégique » révisé après 12 ans, l’explicite : « Les ambitions déclarées de la Chine et ses politiques coercitives défient nos intérêts, notre sécurité et nos valeurs ».
    • Comme l’avait souligné Le Courrier International, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, s’inquiète que la Chine veuille « intimider et menacer » ses voisins et en particulier Taiwan.
      • En réponse, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a déploré que Jens Stoltenberg « s’obstine à tort, à présenter la Chine comme un défi systémique et à salir la politique étrangère chinoise ».