LOI DE L’ATTRACTION

Le raisonnement justifiant l’intervention armée en Ukraine et les résultats emportés par ces mêmes justifications laissent coi.

  • Le Kremlin explique ses craintes et l’entrée de ses blindés en Ukraine du fait de la menace qu’emporterait une potentielle extension de l’OTAN mais ce mouvement armé ordonné par le Kremlin a provoqué le réveil de l’alliance atlantique – pourtant hautement discréditée par le désengagement américain en Europe depuis le premier mandat Obama.
    • Loin d’être en état de mort cérébrale » l’OTAN redevient même attractive pour les anciens Etats neutres de l’ordre international post-Yalta, en particulier la Finlande et la Suède.
    • Ceci avait pu être mentionné par le ministre des Affaires étrangères finlandais dans cet entretien au Green European Journal.
  • Le 24 mars dernier, s’est tenu le sommet de l’OTAN, avec la venue de Joe Biden, sommet qualifié de « grave » selon Pierre Servent, dans un entretien à Ouest France.
    • Avec la guerre en Ukraine, celui-ci estime que le dirigeant russe a ramené les Américains en Europe et a réveillé l’UE.
    • Dans ce cadre, l’Alliance atlantique devrait, selon lui, se réorienter, et revenir « aux fondamentaux ».
      • L’OTAN doit être une alliance politique fonctionnant avec le principe de l’unanimité et une structure de défense solide et interopérable ;
      • L’alliance doit aussi rester un organisme strictement défensif, se garder des aventures extra-européennes et assurer la défense du continent européen.
      • Il est fort possible que les dernières démonstrations de l’été en Afghanistan aient été prises comme un aveu généralisé de faiblesse.

  • Avant d’envisager un élargissement à l’Ukraine, improbable depuis que le président Zelensky a publiquement « tempéré » sa candidature, ce sont d’autres voisins de la Russie qui cherchent désormais la protection de l’Alliance.
    • Dans son éditorial du 13 avril 2022, Pierre Haski souligne ce tournant historique pour les deux voisins du grand Nord, la guerre les ayant poussés à s’interroger sur leur environnement de sécurité.
      • Il soulève un paradoxe : le fait que la Finlande ait donné son nom au principe de « finlandisation », soit une neutralité imposée.
      • Le pays disposant de 1340 kilomètres de frontière commune avec la Russie, et d’une histoire très conflictuelle avec le puissant voisin, cette adhésion éventuelle changerait les équilibres géopolitiques européens et constituerait une conséquence indésirable pour Poutine de son invasion de l’Ukraine.
    • La Finlande se dit en effet prête à toute potentielle guerre avec son voisin russe, d’après Financial Times.
      • L’article précise que le pays dispose de fournitures (stocks de carburants de céréales, de produits pharmaceutiques), de défenses civiles (de nombreux bâtiments disposent d’abris anti-bombes), et de combattants (un tiers de la population adulte est un réserviste).
      • « Nous avons préparé notre société et nous nous sommes entraînés pour cette situation depuis la Seconde Guerre mondiale », a déclaré le ministre finlandais de l’UE, Tytti Tuppurainen.

  • La guerre en Ukraine a également poussé l’Union européenne à s’affirmer sur le domaine de la sécurité et de la défense, notamment par l’adoption de la « boussole stratégique ».
    • Si ce texte constitue une avancée majeure, Julien Arnoult estime que son adoption et ses non-dits révèlent un problème politique profond.
      • D’abord parce que la « boussole stratégique » ressasse des propositions présentes dans le débat public depuis près de vingt ans.
      • Son adoption par la PFUE reviendrait à mettre « la charrue avant les bœufs », selon ses termes.
    • Avant de définir les moyens à mettre en place, comme la dénommée “force de réaction rapide”, l’enjeu pour l’Union est de déterminer – dans un premier temps – ses intérêts, et une doctrine.
      • La constitution d’une culture stratégique partagée pèsera toujours plus lourd que tous les bataillons de casques bleu-étoilés.
      • La résistance ukrainienne nous le démontre chaque jour.

 

  • Enfin, tout ce qui précède semble pousser les Européens à se réarmer et à repenser ses infrastructures.

  • Durant des années, l’UE a longtemps négligé les dépenses pour l’amélioration des routes et des chemins de fer.
    • C’est bien l’invasion de l’Ukraine qui a attiré l’attention de plusieurs pays européens, ces derniers souhaitant favoriser le mouvement rapide des troupes et des chars, en réhabilitant les infrastructures, en particulier à l’est de l’UE.

  • Ainsi, jeudi 7 avril 2022, représentants étatiques et Commission européenne ont déclaré vouloir dépenser 339 millions d’euros pour la mobilité militaire.
    • Cette dépense est le résultat de deux appels à projets, dans le cadre du Mécanisme pour l’interconnexion en Europe, ceux-ci devant permettre d’adapter le réseau à un usage double : civil et de défense.
    • Vingt-deux projets ont été sélectionnés, dont plus de la moitié dans des pays à l’est de l’UE, parfois limitrophes avec la Russie et la Biélorussie.