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Le droit ou la force ? La guerre de conquête menée par la Russie ressemble aux conflits des siècles précédents. L’avancée des troupes russes en Ukraine fait ainsi craindre à certains pays européens de nouvelles invasions dans les anciens pays satellites de l’Union soviétique. La demande d’adhésion à l’Union européenne de la part de l’Ukraine, de la Moldavie et de la Géorgie (voir EIH du 10/03) répond à cette appréhension.

  • Le juge américain Dean B. Pineles, estime que la Russie a utilisé la déclaration d’indépendance du Kosovo, soutenue par l’Occident et reconnue comme conforme au droit international par la CIJ, comme une justification légale de ses incursions militaires dans les anciennes républiques soviétiques.
    • Vladimir Poutine s’est basé sur ce « précédent du Kosovo » lors de l’invasion en 2008 de la Géorgie et la reconnaissance de l’indépendance de l’Ossétie du Sud, mais également en 2014 lors de l’annexion de la Crimée, et jusqu’à récemment avec celle de la République populaire autoproclamée de Donetsk et de Louhansk.
    • Le juge précise que le débat en cours vise à savoir si les événements ayant eu lieu au Kosovo créent véritablement un précédent en droit international, ce que nient expressément les Occidentaux qui les considèrent comme « une situation unique et ponctuelle ».
  • L’utilisation dudit « précédent du Kosovo » peut donc nourrir les craintes d’une potentielle contagion de la guerre à des pays membres de l’UE. Le président ukrainien s’est empressé de rappeler cette inquiétante possibilité,  le 3 mars : « Si nous disparaissons, que Dieu nous protège, ensuite ce sera la Lettonie, la Lituanie, et l’Estonie ».
    • Dans un entretien au Grand Continent, la Première ministre estonienne s’inquiète que l’objectif final de Vladimir Poutine soit bien d’étendre le territoire de son pays et son influence à ceux de l’Empire russe ou de l’Union soviétique.
    • Toutefois, elle précise que, concernant les États baltes, la question est de savoir si le président russe souhaite avoir pour prochaine cible l’OTAN, alliance dans laquelle l’Estonie fait partie. Une telle invasion signifierait une attaque des autres États membres, à l’instar des États-Unis, du Royaume-Uni ou encore l’Allemagne.
    • Kaja Kallas remarque cependant que l’offensive russe en Ukraine ne se déroule pas comme prévu, ce qui pourrait remettre en question les velléités d’extension à d’autres États à l’Est de l’Europe.
  • Politico ajoute à ce tableau le fait que la Biélorussie de Loukachenko puisse rejoindre les troupes russes dans la guerre en Ukraine.

o   Or, si Vladimir Poutine est à la recherche de plus de troupes dans ce conflit, l’article précise que c’est bien en raison du maintien d’une « résistance ukrainienne déterminée ».

o   Une attaque contre l’Ukraine serait extrêmement impopulaire en Biélorussie où, seulement 3% de la population  soutient l’idée. Dans ce cadre, Loukachenko ne se limite qu’à un soutien verbal et logistique à son homologue russe, selon l’article.

Si l’agression russe ébranle l’équilibre international et européen, l’élan de solidarité des pays européens avec l’Ukraine adresse un message aussi aux Russes qui refusent cette guerre, et le manifestent en prenant des risques certains.

  • Ainsi, si dans les zones reculées du pays, il semblerait que la majorité de la population russe approuve la guerre, c’est en raison de la forte propagande à laquelle la population est soumise, indique Euronews.
    • L’article précise que dans les grandes villes connectées au reste du monde, en revanche, environ 60% des Russes sont contre le conflit actuel en Ukraine, comme à Moscou.
  • Depuis le 24 février, près de 15 000 personnes ont été interpellées en Russie lors des manifestations contre la guerre, selon l’ONG OVD-Info.
    • Pour l’écrivain et journaliste russe Dmitry Gloukhovsky, le contexte actuel doit permettre à la nouvelle génération de prendre conscience des exactions commises par la Russie.
      • « Et voici que nous, et ma génération, vivons en direct ce qui, semble-t-il, n’aurait jamais dû se produire à nouveau ; nous vivons une expérience étonnante, la possibilité de comprendre pourquoi nos pères et nos grands-pères se taisaient et subissaient », indique-t-il.
    • La journaliste russe Marina Ovsiannikova a décidé de rompre le silence en intervenant, en plein direct, lors du journal télévisé avec une affiche dénonçant l’invasion russe et la propagande des médias :
      • « Non à la guerre. Ne croyez pas la propagande. On vous ment ici », avait-elle inscrit sur une affiche.
      •  Dans une vidéo préenregistrée, cette dernière avait indiqué avoir honte d’avoir répandu la propagande du Kremlin.
      • Elle a été immédiatement arrêtée, déclenchant une vague de soutien et protestations dans le monde.
      • Emmanuel Macron a proposé mardi 15 mars d’offrir à la journaliste une protection diplomatique de la France.