YALTA

Depuis la fin de la guerre froide, la question de la raison d’être de l’alliance atlantique n’a jamais été complètement et stratégiquement pensée. Tout affairé à sa victoire historique contre le communisme l’Occident ne s’est pas assez demandé s’il y avait encore un sens à se définir comme occidental dans un monde qui n’était plus bipolaire sur une base Est/Ouest.

  • En écho à ce vide stratégique persistant, ce commentaire pour The Guardian, de l’historien Timothy Garton Ash souligne l’asymétrie des stratégies qui s’affrontent en Ukraine : V. Poutine sait ce qu’il veut dans ses mouvements en Europe de l’Est, contrairement aux Occidentaux.
    • Le chef du kremlin aurait ainsi un objectif de long terme clair : restaurer autant que possible l’empire russe, et la sphère d’influence que le pays a perdu depuis la fin de la guerre froide.
  • Selon T. Garton Ash, l’Occident a aussi contribué à la crise actuelle, tant par sa confusion que son désaccord interne sur les objectifs visés en Europe de l’Est.
  • Si les pays occidentaux ont eu pour priorité d’empêcher toute invasion russe en Ukraine, l’article soulève un choix plus large sous-jacent autour de deux modèles : Helsinki et Yalta.

o   D’un côté, les pays occidentaux se reconnaissent dans le modèle d’Helsinki, en prônant l’égalité, la souveraineté, l’indépendance, le respect de l’État de droit pour les pays européens, et le règlement des différends par la voie de la diplomatie et du pacifisme.

o   De l’autre, le modèle de Yalta est synonyme de grandes puissances venues découper l’Europe en sphères d’influences, soit occidentale soit orientale.

  • L’éditorialiste s’inquiète enfin que de manière indirecte, les pays occidentaux, en refusant de fournir des armes défensives à l’Ukraine et en choisissant la voie diplomatique, se retrouvent à opter pour le modèle de Yalta, en se cachant et en prétendant choisir le modèle d’Helsinki.
    • « Vous rendez la guerre plus probable en ne défendant pas la paix », indique T.  Garton Ash en écho à la fameuse phrase que beaucoup aiment attribuer à W. Churchill : « vous aurez la guerre et le déshonneur ».