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La réalité des conséquences de l’entrée de la Chine dans l’OMC et son insertion dans le commerce mondial commence lentement à pénétrer les institutions européennes. En 2016, déjà, le Parlement européen avait refusé au premier exportateur mondial de lui reconnaître le statut d’économie de marché, et à plusieurs reprises l’ancien Président de la Commission, Jean-Claude Juncker, avait plaidé pour une UE moins naïve.

  • C’est ainsi que le jeudi 27 janvier 2022, l’UE a lancé, une procédure auprès de l’OMC contre la Chine pour ses pratiques commerciales jugées discriminatoires, venant perturber d’autres exportations du marché intérieur de l’UE, comme nous l’indique Les Échos.
    • Le présent différend est teinté d’une dimension géopolitique certaine, Taïwan a indiqué offrir à la Lituanie et à l’UE la plus grande solidarité et le plus grand soutien.
  • Comme évoqué dans les EIH précédentes, la Lituanie se trouve dans le viseur de la Chine.
    • Ses entreprises font l’objet de boycott de la part des autorités chinoises, les marchandises lituaniennes ne sont plus dédouanées et les produits européens comportant des composants fabriqués en Lituanie connaissent le même sort.
    • Ce boycott a provoqué une chute de 91% des exportations lituaniennes vers la Chine en décembre 2021 comparé au même mois de l’année précédente.
    • Enfin, les entreprises européennes feraient l’objet de pression pour retirer leurs composants « Made in Lithuania » de leur chaîne d’approvisionnement.

 Les restrictions imposées par la Chine viennent perturber le marché intérieur européen, d’où la plainte déposée par la Commission européenne auprès de l’OMC.

  • La lenteur de la réaction des 27 s’explique par le manque d’unité des États membres sur un sujet qui menace directement leurs intérêts commerciaux d’économies portées vers l’exportation.
    • Le Financial Times rapporte ainsi que certains pays ont considéré que la Lituanie avait « inutilement provoqué » la Chine.
  • L’exécutif européen a donc lancé une demande de consultation sur le règlement des différends estimant avoir accumulé, ces dernières semaines, suffisamment de preuves de pratiques jugées illégales.
  • Si les exportations vers la Chine ne représentent que 1% du total des exportations lituaniennes, c’est le principe même de ces pratiques qui est jugé inacceptable pour l’Union européenne, qui y voit une menace directe et un acte d’agression à l’encontre du marché unique.

o   Désormais, le gouvernement chinois dispose de 60 jours pour répondre à la « demande de consultation » de l’exécutif européen sur ces restrictions commerciales. Or, comme le précise Politico, prouver la coercition économique à l’OMC suppose un processus compliqué et risqué qui pourrait s’éterniser sur plusieurs années.

o   Dans le même sens, l’UE souhaite mettre en place un instrument de sanctions prévu contre des pays tiers des pratiques commerciales sont exercées pour influencer la politique de l’UE ou d’un État membre.

o   Certains experts s’inquiètent du fait que cet instrument fasse passer une certaine idée politique  de la défense des intérêts politiques européens, au détriment de la réalité économique européenne, notamment la dépendance au gaz russe ou aux marchés chinois.