L’AUTRE HYBRIDE

La guerre n’est plus ce qu’elle était. Aujourd’hui les modes hybrides d’exercice de la force interétatique prennent le pas sur les formes classiques du conflit militaire. En état d’alerte permanente, l’UE et ses États membres doivent faire face à de nouvelles formes de menaces, en particulier les cyberattaques, à plus ou moins grande échelle, et les flux migratoires, cyniquement utilisés par les puissances hostiles pour les déstabiliser.

  • Des obligations plus strictes  sont aussi imposées  notamment en termes de gestion des risques et d’obligations de déclaration.
  • Le texte révisé établit également un cadre favorisant une meilleure coopération et un meilleur partage des informations entre les différentes autorités et les États membres. Enfin, il demande la création d’une base de données européennes de vulnérabilités.
  • La directive originale sur la cybersécurité a été adoptée en 2016. Elle était la première législation européenne à garantir un socle minimal pour la protection des cyberattaques. Toutefois, les ordres juridiques nationaux de l’UE l’ont mise en œuvre de diverses manières, fragmentant ainsi le marché unique et causant des niveaux insuffisants de cybersécurité.
  • Le Parlement européen rapporte que la cybercriminalité a doublé en 2019, les logiciels rançonneurs ont triplé en 2020.
  • Pourtant les entreprises et institutions européennes dépensent 41% de moins pour la cybersécurité qu’aux États-Unis.

En envoyant sans vergogne des milliers de migrants désespérés – afghans, syriens, irakiens pour ne citer que ceux-là – assaillir les frontières lituaniennes hier (voir EIH 05/08 et 05/07), polonaises aujourd’hui, Minsk, probablement soutenue par Moscou selon les accusations du Premier Ministre polonais, renouvelle le concept de “bouclier humain”. Dans ce contexte d’hostilité croissante, la Pologne a construit une clôture en fil de fer barbelé qui devrait, plus tard, être remplacée par un mur de 5 mètres de haut. Ces derniers jours, les scènes à la frontière polonaise, barbelée et militarisée, sont aussi impressionnantes qu’émouvantes.

  • Le scénario rappelle un peu les tensions entre l’UE et la Turquie de Erdogan en 2016 qui avaient trouvé leur solution par un pacte migratoire conclu par le Conseil européen en dehors du droit de l’UE

  • Varsovie accuse Minsk d’avoir délibérément  envoyé,  dans  la nuit du 1er au 2 novembre, des personnes armées et  en uniforme en territoire polonais depuis la Biélorussie, un incident qualifié de «provocation».
    • Cet incident a lieu alors que les forces de l’ordre biélorusses tentaient de faire passer, dans la journée du 8 novembre, environ un millier de personnes venues du Moyen-Orient en Pologne.
    • Selon différentes estimations, entre 8 000 et 22 000 migrants sont actuellement bloqués en Biélorussie, sans logement ni statut.
  • Varsovie a ainsi déclaré l’état d’urgence dans les régions proches de la zone frontalière, suspendant les libertés de manifester ou d’informer, comme le rappellent les opposants au gouvernement, les ONG humanitaires et les journalistes.
  • Tandis que 12 États membres ont appelé, début octobre, la Commission à financer des “murs” aux frontières extérieures de l’UE, la Hongrie qui a construit une clôture à sa frontière fait pression sur l’UE pour qu’elle rembourse le coût du grillage.
  • What’s up EU indique cependant que la Commission européenne a adressé une fin de non-recevoir à ces requêtes : l’UE ne financera pas “de barbelés et de murs” a avancé la présidente de la Commission.
  • Voulant procéder à une démonstration de force, et surement limiter les critiques relatives à sa gestion de l’état d’urgence, le gouvernement polonais refuse pour le moment l’aide européenne.
  • En particulier celle de Frontex, l’agence de l’Union européenne basée à Varsovie et chargée du contrôle et de la gestion des frontières extérieures de l’espace Schengen.
  • “Frontex c’est 1300 officiers, les gardes-frontières polonais, 16.000 assistés de 10.000 soldats et policiers” a rappelé Maciej Wąsik vice- ministre de l’intérieur dans un tweet.
    • Les États de l’UE devraient « enfin adopter le régime de sanctions étendu contre les autorités biélorusses responsables de cette attaque hybride », a déclaré Ursula von der Leyen.