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Test de la résistance et de l’unité européenne ou chantage aux migrants pour obtenir la levée des sanctions, l’éditorial de Pierre Haski du 15 novembre pose la question des intentions derrière l’envoi piloté par Minsk de milliers de migrants pour faire pression sur la frontière polonaise. Cependant, en imposant des sanctions à la Biélorussie, l’UE a choisi de répondre au niveau géopolitique.

  • Le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’UE a décidé, lundi 15 novembre, d’élargir le cadre juridique des sanctions contre la ‐ Biélorussie : elles viseront “une trentaine de responsables de l’administration de Loukachenko”, des entreprises biélorusses “très présentes à l’export”, ainsi que “tous ceux qui participent au trafic de migrants vers ce pays, par exemple les compagnies aériennes ou les agences de voyages impliquées, en interdisant à leurs dirigeants de voyager et en gelant leurs actifs en Europe”, selon Josep Borrell.
  • Au-delà de la tragédie humanitaire, la leçon politique derrière cette crise géopolitique est que l’extrême-droite européenne, proche du régime de Poutine, ne peut pas tirer profit des paniques morales engendrées par les images de migrants prenant d’assaut les frontières de l’UE.
    • Comme le souligne Thomas Legrand dans son édito politique : “l’opération montée de toutes pièces par le dictateur Alexandre Loukachenko est maintenant tout à fait documentée et mise à jour par l’ensemble des médias européens”.
  • Malgré la réaction européenne, Hugo Flavier, maître de conférences en droit public, souligne la position inconfortable dans laquelle se trouve l’UE, écartelée entre ses valeurs humanistes et la realpolitik de la défense de sa frontière.
    • Il explique à The Conversation que l’UE aurait dû condamner la Pologne pour violation des engagements qu’elle a contractés en intégrant l’UE et son régime commun de l’asile ainsi qu’en ratifiant la Convention relative aux réfugiés de 1951 qui établit notamment le principe du non-refoulement.
    • L’Union a été clémente avec Varsovie  et a préféré  soutenir la position de la Pologne (voir EIH 11/11). La nécessité de protéger les droits des demandeurs d’asile est donc reléguée au second rang : la politique prime sur le droit.
    • Cet écart permet à l’Union de “déléguer”, politiquement et symboliquement, à la Pologne le soin de violer le droit européen sur le sujet des réfugiés.
    • L’Union s’impose alors comme un acteur politique qui considère que, parfois, imposer sa puissance doit se faire au mépris du droit. “Tragique géopolitique”.