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Conséquences du Brexit, nouveau chapitre. Pionnière en matière de quotas d’émissions carbone, ou « Emission Trading System » (ETS) avec son système EU-ETS, l’Union européenne va devoir faire avec la présence d’un autre marché du carbone à ses portes : le Royaume-Uni s’apprête à lancer son propre marché d’émission carbone, en toute indépendance et sans aucune harmonisation avec le marché européen.

  • Le Royaume-Uni est pourtant un ancien membre du marché européen du carbone, créé en 2005 : il ne l’a quitté que fin 2020, en même temps que l’Union européenne. Les deux parties à l’accord de commerce et de coopération post-Brexit s’étaient d’ailleurs engagées à « considérer sérieusement » l’établissement de liens entre leurs marchés du carbone respectifs.

  • Pourtant, alors que le Royaume-Uni est sur le point de lancer son marché, aucune négociation ne semble avoir eu lieu avec l’UE. Cette absence de coordination pose question sur le plan économique : comment les sociétés possédant des établissements à la fois au Royaume-Uni et dans des États membres de l’Union vont-elles, par exemple, gérer ce dédoublement ?

  • Autre problème : le marché britannique, à lui seul, comporte moins de sociétés que l’UE dans son ensemble, et sera donc moins liquide que le marché européen. Malgré des prix particulièrement hauts dans l’Union ces derniers temps, les prix britanniques pourraient s’établir plus haut encore, créant de fait des distorsions de concurrence. En effet, à l’ouverture mercredi, le prix du carbone au Royaume-Uni a atteint 50 £ la tonne, un prix plus élevé que dans l’UE, suggérant que les grands pollueurs devront faire face à des coûts plus élevés que les entreprises de l’UE sans intervention du gouvernement.

  • Ingvild Sorhus, analyste principale chez Refinitiv Carbon Research, a déclaré au Financial Times que les premiers « prix élevés » témoignaient de la confiance dans les quotas d’émission de carbone britanniques en tant qu' »actif attrayant », mais elle a prévenu qu’elle s’attendait à une « nervosité » de la part des participants au marché étant donné que « l’offre est si faible ».